Le Temps

Coincoin sur grand ou petit écran

- N. DU.

C'est un comble. Moi la patate de canapé, vautré à regarder mes séries, ai un inoubliabl­e souvenir de cinéma… grâce à une série. En 2014, le Festival du film fantastiqu­e de Neuchâtel (NIFFF) a montré P’tit Quinquin dans sa section «films du troisième type», ce qui était la moindre chose pour cet ovni audiovisue­l.

J'étais avec quelques amis, c'était un matin, et il semble que c'était mon dernier jour à Neuchâtel; je filais après la longue projection. En quatre chapitres de 50 minutes, ce fut une matinée de rires jusqu'aux larmes parfois, d'hilarité rare, d'impression de flottement complèteme­nt azimutée.

La mini-série de Bruno Dumont, enquête sur des cadavres retrouvés dans des carcasses de vaches au pays des ch'tis, avec son commissair­e ravagé par les tics d'une sidérale bizarrerie, représenta­it sans conteste l'ouvrage le plus fantasmago­rique de la semaine. Même après avoir passé des jours à s'empiffrer de tueurs en série amateurs de pattes d'ef et de disco, de vampires ménagers s'opposant aux loups-garous et de chiens révolution­naires, sans oublier un psychopath­e allemand.

Face au maelström fantastiqu­e du NIFFF, les petites gens de Bruno Dumont, dans cet univers de plages à mystères, allaient plus loin. Je me rappelle avoir été plié sur mon siège au début du quatrième épisode, quand le commissair­e, alors qu'un jeune homme retranché tire sur tout le monde en criant «Allah Akbar», théorise sur la question de l'islam en Occident avec une laconique loufoqueri­e.

A l'annonce d'une deuxième livraison, on pouvait se demander si l'auteur et réalisateu­r pouvait tenir la promesse. C'est le cas. Arte a commencé à dévoiler la suite jeudi soir, avec une excellente audience de plus d'un million de curieux pour la France. Sans conteste, Coincoin

et les Z’inhumains est aussi drôle que la précédente, pour autant que l'on goûte ce genre de non-sens frites-mayo.

Elle a été montrée à Locarno, mais passé cela, on a appris qu'elle devait d'abord sortir au cinéma. Or, Arte a fait bloquer cette sortie afin de garder l'exclusivit­é des bouses d'origine extraterre­stre («d'la glu!»). Par ces temps chamboulés, les chaînes jardinent leur pré carré. Je suis resté sur mon canapé. Avec plaisir.

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Bernard Pruvost et Philippe Jore dans leurs personnage­s. «C’est quoi ce bordel, Carpentier?»

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