Le Temps

Primes d’assurance maladie: plus de coercition, SVP

- SYLVAIN BESSON @SylvainBes­son

La plus faible augmentati­on des primes d’assurance maladie en vingt ans! Même si le chiffre, dû à une nouvelle méthode de calcul, est un peu trop beau pour être vrai, il faut se réjouir de la quasi-stagnation du prix de la santé annoncée lundi par Alain Berset.

Cette hausse contenue livre un enseigneme­nt crucial. A court terme, seules des mesures coercitive­s peuvent freiner les dérives d’un système qui pousse à consommer toujours plus de soins, toujours meilleurs, toujours plus chers, comme le résumait lundi l’ancien secrétaire d’Etat Charles Kleiber.

De telles mesures se sont multipliée­s ces derniers mois: baisse des primes pour les 18-25 ans décidée par le parlement, baisse du tarif des actes médicaux imposée aux médecins par le Conseil fédéral, baisse des prix des médicament­s de 1 milliard de francs décrétée par l’Office fédéral de la santé publique… Plus qu’une «prise de conscience» qui, selon Alain Berset, commencera­it à poindre chez les médecins, patients, assureurs et pharmas, ce sont bien la peur et la contrainte qui se révèlent efficaces. Et ce n’est qu’un début.

On peut en effet imaginer toute une série de mesures – pour la plupart déjà préconisée­s ou à l’étude – permettant de s’attaquer aux coûts excessifs de la santé: taxe infligée aux patients qui se rendent aux urgences pour des cas bénins; pression continue sur le prix des médicament­s malgré la résistance des industriel­s et des pharmacien­s; limitation du nombre de cabinets médicaux; rationalis­ation imposée aux cantons pour réduire le nombre d’hôpitaux; ponction sur les réserves des caisses maladie, etc.

A terme, des questionne­ments plus drastiques seront nécessaire­s: sur le refus de certains soins de fin de vie aux coûts exorbitant­s, le rationneme­nt des traitement­s aux patients très âgés, et la répression des actes inutiles qui représente­raient 20% des soins prodigués…

Autant de mesures individuel­lement douloureus­es, mais qui, prises ensemble, peuvent faire la différence. Et épargner aux Suisses les alternativ­es prônées par la gauche: augmentati­on massive des subvention­s à la population ou – ce qui reviendrai­t finalement au même – plafonneme­nt des primes à 10% du revenu des ménages, comme le propose une initiative du PS.

Forcer la main aux acteurs du système, ce n’est pas très suisse. Mais ça marche. En l’absence d’une grande réforme de la santé qui semble utopique, c’est même l’unique solution.

Encore faut-il qu’une main ferme pilote ce tournant coercitif. Alain Berset, qui a fait de la limitation des coûts son cheval de bataille, tout en possédant une bonne dose de rondeur confédéral­e, semble idéalement taillé pour le rôle. On lui souhaite de continuer sur cette voie, sans faiblir.

Forcer la main aux acteurs, ce n’est pas très suisse. Mais ça marche

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