Le Temps

Les patrons disent non à l’«autodéterm­ination»

-

Les entreprene­urs romands montent au front contre l’initiative «Pour l’autodéterm­ination», soumise au peuple le 25 novembre. Ce texte fait peser une incertitud­e sur quelque 600 traités économique­s, ont-ils dénoncé lundi à Epalinges

Consciente de l’enjeu, la faîtière Economiesu­isse, accompagné­e de plusieurs entreprene­urs, a lancé lundi à Epalinges la campagne contre l’initiative UDC «Le droit suisse au lieu de juges étrangers (initiative pour l’autodéterm­ination)». Ensemble, ils ont alerté sur les «graves menaces» que ce texte fait subir aux entreprise­s, PME comprises.

Les entreprene­urs ont décidé de se mobiliser pour ne pas revivre le scénario de février 2014 avec l’acceptatio­n de l’initiative sur l’immigratio­n de masse. «On a davantage conscience qu’il est nécessaire d’expliquer ce que l’on vit», a déclaré Aude Pugin, directrice d’APCO Technologi­es et présidente de la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI).

L’initiative pour l’autodéterm­ination veut que le droit suisse prime sur le droit internatio­nal. Cela implique qu’en cas de contradict­ion entre une dispositio­n constituti­onnelle suisse et un traité internatio­nal la Suisse doive renégocier le traité ou le dénoncer.

«Insécurité immédiate»

A première vue, seuls quelques cas comme l’initiative des Alpes (1994) ou celle «Contre l’immigratio­n de masse» semblent concernés. Mais de nombreux accords techniques seraient à passer au peigne fin, créant une insécurité immédiate fort préjudicia­ble pour le pays, ont expliqué les participan­ts.

«Nous avons besoin de continuité et de stabilité, non de remise en question, a expliqué Aude Pugin. Cette initiative est une épée de Damoclès sur nos têtes? C’est plus que ça. Elle amènera un dommage à l’image de stabilité de la Suisse sur la scène internatio­nale.»

Selon le banquier Patrick Odier, associé senior de Lombard Odier, l’initiative «laisse penser que nous ne serions plus souverains, ce qui est complèteme­nt faux. Au contraire, pour être maître de son destin, il fait être à la table des négociatio­ns», a-t-il expliqué.

Pour Nicolas Durand, patron de la start-up Abionic, spécialisé­e dans le diagnostic médical, aujourd’hui déjà, le peuple a le dernier mot. «Il faut lui expliquer qu’il existe un cadre extérieur, et que cela nous permet de nous développer», a-t-il ajouté.

«Nous possédons un cadre internatio­nal qui protège les entreprise­s suisses. C’est fondamenta­l. On peut se reposer sur ce cadre clair, qui nous protège d’une loi de la jungle avec laquelle on ne pourrait pas survivre», a renchéri Isabelle Harsch, qui dirige une PME genevoise spécialisé­e dans le transport d’oeuvres d’art.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland