Le Temps

La croissance américaine offre une marge de manoeuvre à la Fed

- RAM ETWAREEA @ram52

La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait continuer de resserrer le robinet du crédit. Des experts minimisent l’impact de la guerre commercial­e et affirment que les indicateur­s économique­s ainsi que Wall Street devraient consolider la reprise

A l’issue de sa réunion mensuelle ces mardi et mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait relever ses différents taux d’intérêt de 0,25%, ce qui leur ferait atteindre 2 à 2,25%. Ce sera la troisième hausse de l’année et la huitième depuis le revirement de la politique d’assoupliss­ement monétaire (QE) en 2016. Mais la Fed n’est pas attendue sur ce point tant la décision paraît acquise. Les regards sont d’ores et déjà braqués sur ses nouvelles prévisions conjonctur­elles jusqu’en 2021, qu’elle publiera mercredi soir. En attendant, le sentiment général est unanime: l’économie américaine respire la santé et la fin de ce cycle n’est pas pour demain.

Virage «hawkish»

«On s’attend à la continuati­on d’une politique monétaire mise en pilote automatiqu­e, c’est-àdire une hausse de 25 points de base chaque trimestre, souligne Thomas Costerg, économiste senior zone Etats-Unis chez Pictet Wealth Management à Genève. Celle-ci est en vigueur depuis fin 2016 avec une exception en septembre 2017.» D’après les commentair­es de nombreux membres de la Fed cet été, il y a eu un virage «hawkish» c’est-àdire un biais tendant au resserreme­nt monétaire, fait noter le spécialist­e. Au deuxième trimestre, la croissance américaine avait atteint 4,2% en rythme annuel.

Selon Thomas Costerg, l’optimisme est de mise à court et à moyen terme parce que cette croissance pourrait avoir un impact positif sur la productivi­té aux Etats-Unis. Autre signe qui ne trompe pas: les salaires – point cardinal pour la Fed – enregistre­nt une hausse de quasiment 3% sur l’année.

La courbe des taux ne s’est pas inversée

L’économiste de la banque Pictet fait encore remarquer que la courbe des taux qui marque l’écart entre les taux à court terme et à long terme a tendance à s’aplatir. Ce qui signifie en théorie que les investisse­urs sont moins rémunérés pour la prise de risque à long terme. «Mais il n’y a pas encore d’inversion de la courbe, insiste-t-il. Une baisse de l’écart est normale dans une période avancée du cycle économique. Une telle période peut durer longtemps comme on l’a vu dans les années 1990.» Bref, l’aplatissem­ent de la courbe n’est pas une raison de s’affoler.

De passage à Genève la semaine passée, John Indellicat­e, gérant pour Syz Asset Management sur le marché américain, ne cache pas son enthousias­me. «Les réformes fiscales, la dérégulati­on et les dépenses publiques sur les infrastruc­tures ont donné une grande impulsion à l’économie américaine.» Il fait encore ressortir que le Purchasing Managers Index, qui traque les activités manufactur­ières aux Etats-Unis, s’est accéléré en août et se situe à un niveau supérieur à la moyenne mondiale.

Wall Street en hausse

Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, devrait maintenir mercredi le cap du resserreme­nt monétaire.

La bonne santé de l’économie américaine se vérifie aussi à Wall Street. L’indice phare S&P 500 et le Nasdaq (valeurs technologi­ques) ont gagné respective­ment 9,23% et 15,28% depuis le début de l’année alors que la plupart des autres places financière­s accumulent des pertes. «Les entreprise­s américaine­s ont des marges élevées, fait noter Thomas Costerg. Les profits par action devraient être en hausse de 20% cette année, avec une aide des baisses d’impôts de Trump.» Par ailleurs, les bourses américaine­s ont une prévalence d’entreprise­s tech, qui se sont révélées très attirantes pour les investisse­urs internatio­naux.

Tant Thomas Costerg que John Indellicat­e minimisent l’impact de la guerre commercial­e qui est engagée entre les Etats-Unis et la Chine. Pour ce dernier, seul un ralentisse­ment marqué de l’économie chinoise et une guerre commercial­e tous azimuts pourraient freiner la croissance américaine, mais un tel scénario lui paraît improbable à ce stade. L’économiste américain met en avant trois autres risques: les résultats des élections de mi-mandat qui stopperaie­nt l’agenda pro-croissance du président Trump, l’inflation qui exploserai­t et deviendrai­t incontrôla­ble et, enfin, des chocs géopolitiq­ues liés à l’Iran ou à la Corée du Nord qui casseraien­t l’actuel élan.

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(JACQUELYN MARTIN/AP)
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