Le Temps

«Cent femmes ont répondu à l’appel»

- PROPOS RECUEILLIS PAR MPG

Elle cosigne «Les dames» avec Stéphanie Chuat. Véronique Reymond parle des motivation­s, du casting et des révélation­s

Véronique Reymond, pourquoi ce désir de raconter la solitude affective des Romandes de plus de 60 ans? Parce qu’en 2011, dans les salles qui projetaien­t La petite chambre, notre précédent film, nous avons constaté qu’un nombre incroyable de femmes retraitées venaient seules et nous avons eu envie d’explorer ce monde peuplé de dames, un monde à la fois anxiogène et fascinant…

Comment avez-vous trouvé vos cinq héroïnes? Nous avons lancé un «Appel à dames» dans le magazine Génération­s en précisant que nous cherchions des femmes seules sur le plan amoureux et nous avons été stupéfaite­s par le nombre de réponses reçues. Plus de 100 femmes ont appelé le numéro indiqué sur l’annonce! Un vrai raz-de-marée qui montrait bien qu’il y avait un sujet.

CORÉALISAT­RICE DES «DAMES» «On a mis beaucoup de temps à convaincre les soutiens financiers de la pertinence du sujet»

De 100 à cinq, le tri a dû être difficile… Oui, notre assistante Céline Pernet les a toutes rappelées, ne serait-ce que pour les remercier, et a fait une première sélection. Ensuite, Stéphanie Chuat s’est entretenue avec 30 des candidates qu’elle a filmées. En regardant ces entretiens, nous avons retenu cinq participan­tes qui nous intriguaie­nt et, surtout, représenta­ient un large éventail de la société.

Combien de temps a duré le tournage? Une année, de Noël à Noël. Nous avons accumulé une trentaine de jours de tournage, mais, entre les prises de vues, nous sommes toujours restées en contact pour savoir ce que vivaient ces dames au quotidien.

Elles parlent toutes à coeur ouvert. Comment avez-vous obtenu une telle sincérité? Nous nous faisions discrètes pour qu’elles oublient la caméra et nous avons mené de longs entretiens pour les amener à aborder leur intimité sans forcer. Par ailleurs, nous ne leur avons fait signer le contrat où elles abandonnen­t leur droit à l’image qu’au dernier jour du tournage de sorte à préserver la confiance. Enfin, nous leur avons projeté le film à toutes les cinq ensemble, avant la sortie publique. A ce moment, elles pouvaient encore modifier son contenu. Nous avons tremblé, car le film est un mobile où toutes les parties interagiss­ent. Heureuseme­nt, aucune n’a souhaité retirer une séquence qui la dérangeait.

La thématique, la solitude affective chez les femmes du troisième âge, est assez exigeante. Avezvous trouvé facilement des financemen­ts? Non, personne ne voulait de ce documentai­re! On a mis beaucoup de temps à convaincre les soutiens financiers de la pertinence du sujet. Ils ne voyaient pas l’intérêt de suivre des femmes ordinaires, sans parcours particulie­r. Pourtant, on est très fières, car on parle d’une réalité de plus en plus préoccupan­te et, d’ailleurs, on le voit au succès que rencontre le film désormais.

A propos, ce documentai­re est-il plutôt destiné aux femmes? C’est clair qu’on s’attend à avoir beaucoup de femmes dans les salles. Et, régulièrem­ent, on nous demande si on va faire la même chose pour les hommes. Mais en fait, ce film est un film pour les hommes, car ce sont eux le sujet et l’horizon d’attente de ces dames!

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VÉRONIQUE REYMOND

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