A San Francisco, une guerre ouverte contre le sida
Au début des années 1980, San Francisco voit naître une épouvantable épidémie dans le quartier gay du Castro. Les homosexuels en sont les principales victimes. Leur corps semble perdre tout contrôle et leurs défenses immunitaires s’affaissent. Le quotidien devient angoissant au fur et à mesure que cette maladie mystérieuse progresse dans la cité californienne. La douleur est vive, insupportable pour l’entourage des victimes.
En 1990, le sida est devenu un mal planétaire. San Francisco accueille l’une des premières grandes conférences mondiales sur l’épidémie. La ville se place aux avant-postes de la lutte.
Presque trente ans plus tard, San Francisco compte l’une des plus grandes populations de personnes vivant avec le VIH aux Etats-Unis, soit près de 16000 malades. Le combat est rude pour enrayer les contaminations et les plaies du passé sont encore ouvertes. Alors les autorités se fixent un objectif ambitieux: «Getting to Zero», soit zéro nouvelle contamination et zéro décès d’ici à 2020. L’une des pierres angulaires du programme est le diagnostic précoce des nouveaux cas et la connexion rapide aux soins médicaux. San Francisco veut ainsi devenir la première ville américaine à éradiquer le virus.
Une perspective illusoire? Les premiers effets de cette politique combative se font ressentir. Le nombre de nouveaux diagnostics positifs a diminué de près de 60% par rapport à la décennie précédente. Au Castro, la prévention apaisée a succédé à l’angoisse de la maladie. Ce haut lieu de la révolution sexuelle retrouve des couleurs, au point que la stratégie san-franciscaine est reconnue dans le monde entier. Bouclier principal contre la maladie: la PrEP. Ce comprimé permet aux séronégatifs d’avoir des rapports non protégés sans risquer d’être contaminés. Tout le monde peut y accéder. Son coût est exorbitant, mais il est couvert en quasi-totalité par les assurances. Pour les plus démunis, un fonds d’assistance prend le relais.
En Suisse, chaque année, plus de 500 nouveaux cas sont déclarés. Les campagnes de prévention ne manquent pas, mais une barrière économique subsiste: la PrEP n’est pas reconnue comme traitement préventif, et n’est donc pas remboursée. Il faut débourser 12600 francs par an pour une prise en continu du médicament.
Autre faiblesse du dispositif helvétique: le dépistage du sida reste payant. Certes, la récente introduction des tests en pharmacie a permis de faire baisser le prix. Mais pour les plus jeunes, l’angoisse demeure face à une telle démarche. La peur de la maladie et son coût pour la société devraient provoquer une prise de conscience collective.
San Francisco veut devenir la première ville américaine à éradiquer le virus