Le Temps

LE CHEMIN VERS BERNE SE COMPLIQUE POUR YVAN PERRIN

À PEINE ÉLU, LE NOUVEAU PRÉSIDENT DE L’UDC CANTONALE, WALTER WILLENER, MILITE POUR LA RÉINTÉGRAT­ION DU CONSEILLER NATIONAL RAYMOND CLOTTU. DE QUOI CONTRECARR­ER LES PLANS DE L’ANCIEN VICE-PRÉSIDENT SUISSE

- YAN PAUCHARD t @YanPauchar­d

Il se voyait déjà à nouveau en haut de l’affiche. Yvan Perrin ambitionna­it de redevenir président de l’UDC neuchâtelo­ise, première marche vers un retour sur la scène fédérale. Depuis quelque temps, l’ancien conseiller d’Etat ne cachait pas qu’il visait le siège du conseiller national Raymond Clottu, indépendan­t depuis son exclusion de l’UDC. Mais les choses se compliquen­t pour Yvan Perrin, sur fond de sempiterne­lles querelles personnell­es qui gangrènent le parti depuis des années.

Réunie en assemblée générale jeudi à Couvet, l’UDC a en effet préféré élire à sa tête l’expériment­é Walter Willener, 66 ans, qui restera comme le premier UDC à avoir présidé le Grand Conseil neuchâtelo­is. Peu connu hors de son canton, l’homme est influent. En 2001, c’est lui, l’ancien «radical de droite», qui fonde la section neuchâtelo­ise du parti agrarien et propulse à sa présidence un jeune inspecteur de police, Yvan Perrin. Deux hommes dont les relations vont finir par se détériorer.

C’est l’éventualit­é d’une accession à la présidence cantonale de son ancien poulain qui a convaincu Walter Willener, retiré de la politique de reprendre du service. Il ne s’en cache pas. «Yvan Perrin doit comprendre qu’il a fait son temps», cingle le nouveau président. Ce dernier évoque «sa déception» envers celui qui a longtemps incarné la nouvelle UDC romande blochérien­ne. Outre sa démission du Conseil d’Etat, Yvan Perrin présidait le parti lors de la débâcle des élections cantonales d’avril 2017 qui a vu l’UDC perdre plus de la moitié de sa députation.

«Devant cet état de délabremen­t, je ne pouvais plus rester en retrait», plaide encore Walter Willener, qui n’a annoncé sa candidatur­e surprise que quelques heures seulement avant l’assemblée générale. Sa priorité est de redonner une crédibilit­é à l’UDC neuchâtelo­ise. «Il faut sortir des histoires de bac à sable et travailler ensemble pour le bien du parti», insiste l’ancien député. Pour preuve, il se dit prêt à travailler avec Yvan Perrin qui a été finalement désigné vice-président.

Le parti peut-il réellement retrouver la sérénité? Rien n’est moins sûr. Car, lors de l’assemblée générale, Walter Willener a placé un caillou dans la chaussure d’Yvan Perrin, en militant pour la réintégrat­ion de Raymond Clottu, exclu en avril 2017 pour ne pas avoir payé ses cotisation­s et avoir critiqué la direction du parti. Représente­r son conseiller national sortant serait à ses yeux la meilleure chance de l’UDC neuchâtelo­ise de sauver son unique siège sous la Coupole. Un pied de nez à Yvan Perrin d’ores et déjà candidat à la candidatur­e pour le National. Ambiance.

Le parti s’apprête à vivre un printemps agité

CANDIDATUR­E MAINTENUE

«Sur le potentiel de Raymond Clottu, je suis d’un point de vue diamétrale­ment opposé à celui du nouveau président», réagit Yvan Perrin, qui souhaite toutefois calmer le jeu pour ne pas «ajouter des fractures aux fractures». Il se félicite de la désignatio­n de Walter Willener, un «homme d’une grande expérience politique». Il entend dans tous les cas maintenir sa candidatur­e en vue des élections fédérales.

Formelleme­nt, Raymond Clottu devra avant toute chose être réintégré dans sa section du Locle. Contacté, le conseiller national estime qu’il est «prématuré» d’évoquer un éventuel retour au sein de sa formation d’origine, mais affirme qu’il a «toujours laissé la porte ouverte». Quoi qu’il en soit, l’UDC neuchâtelo­ise s’apprête à vivre un printemps agité, car, vu les antécédent­s, difficile d’imaginer Yvan Perrin et Raymond Clottu sur la même liste l’automne prochain.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland