Le Temps

POUR CORUM, «IL EST TEMPS DE QUITTER BÂLE»

LA MARQUE DE LA CHAUX-DE-FONDS FAIT ELLE AUSSI LE CHOIX DE QUITTER BASEL WORLD. SON DIRECTEUR GÉNÉRAL, JÉRÔME BIARD, A CALCULÉ QUE LA FRÉQUENTAT­ION DES DÉTAILLANT­S ASIATIQUES DEVRAIT BAISSER DE 30%

- VALÈRE GOGNIAT t @valeregogn­iat)

Au tour de Corum. La marque de La Chaux-de-Fonds a confirmé vendredi au Temps qu’elle ne ferait pas le déplacemen­t à Bâle pour la prochaine foire horlogère Baselworld. «Il est temps pour nous de partir», affirme le directeur général de Corum, Jérôme Biard.

Cette annonce fait indirectem­ent écho au départ, annoncé la semaine dernière, de Raymond Weil. Comme son homologue genevoise, Corum est en effet l’une des marques relativeme­nt modestes de l’industrie horlogère – moins de 10000 montres vendues pour un chiffre d’affaires tournant autour des 45 millions de francs par an – mais l’entreprise connue pour ses Bubble ou ses Bridge laissera un vide dans la stratégiqu­e halle principale de la foire.

30% DU TRAFIC EN MOINS

Entré en fonction il y a un peu plus d’une année, Jérôme Biard ne cache pas que sa décision est une conséquenc­e de celle de Swatch Group. «Suite à cette annonce, nous avons estimé que nous allions perdre 30% du trafic visiteurs dans la halle 1», note Jérôme Biard. Il dit avoir parlé avec ses clients qui n’ont pas fait mystère de leurs projets: «Depuis l’annonce de Swatch Group, les détaillant­s asiatiques nous ont dit qu’ils allaient réduire leur présence en jours et en staff lors de la prochaine édition de Baselworld.»

Dès lors, 60% du chiffre d’affaires de Corum étant réalisé en Asie, «nous nous sommes dit qu’il était plus pertinent de nous rendre à Hongkong pour aller à la rencontre de nos clients». C’est d’ailleurs ce qui marche le mieux pour la marque neuchâtelo­ise. «Créer des événements avec les détaillant­s, les accompagne­r pour expliquer qui est Corum et quel est son message… C’est là que l’on fait les meilleures affaires», soutient le patron.

La participat­ion à l’événement bâlois coûtait «entre 2,5 et 3 millions de francs» par année à Corum. «Mais le problème n’est pas qu’une question de prix», balaie Jérôme Biard – qui a déjà des idées pour réinvestir ces montants: la moitié dans les événements et les voyages, l’autre dans des publicités et du branding plus ciblé.

Comme toutes les autres marques qui annoncent leur départ des grandes manifestat­ions horlogères (bâloise ou genevoise), la réflexion de fond est la même: «Nous devons être beaucoup plus ciblés sur notre approche du client final. Plus percutants, plus légitimes et plus près de ce dernier.»

MANQUE DE TEMPS

Il tient néanmoins à préciser qu’il n’a aucun ressentime­nt contre Bâle. «Les nouveaux organisate­urs ont hérité d’une situation difficile, mais je n’ai simplement pas le temps d’attendre ce que donneront les fruits de leurs nouvelles réflexions.» En revanche, il n’exclut pas de revenir dans les années prochaines «si le nouveau concept proposé se révèle extrêmemen­t intelligen­t».

Nommé au cours de l’été 2017 par le groupe chinois Citychamp, propriétai­re de la marque, Jérôme Biard est bien conscient qu’avec cette annonce il donne un coup de massue supplément­aire dans l’édifice Baselworld. «Mais nous devons être un peu égoïstes. Je répète que je n’ai pas de rancoeur contre eux, mais la mission est avant tout de remettre Corum à l’équilibre.»

Enfin, que deviendra son stand si particulie­r, qui occupe le nord-ouest de la halle 1? «Nous n’allons pas le détruire car nous devons encore l’amortir. Pour l’édition de 2019, nous allons tenter de le proposer pour 1 franc symbolique à une autre marque. Mais, par la suite, nous allons voir comment reprendre des éléments pour en faire par exemple des espaces dédiés à Corum dans les magasins…»

Les observateu­rs s’interrogen­t désormais sur le visage qu’aura la hall 1 de Baselworld en mars prochain. Le départ des marques de Swatch Group, de Raymond Weil et maintenant de Corum laisseront de nombreux espaces vides.

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