Le Temps

EN FORMULE 1, LA HIÉRARCHIE MALGRÉ TOUT

AVANT LE GRAND PRIX DU JAPON, LEWIS HAMILTON CARACOLE EN TÊTE DU CHAMPIONNA­T DU MONDE. POUR L'AIDER, SON COÉQUIPIER VALTTERI BOTTAS A SACRIFIÉ DIMANCHE DERNIER UNE VICTOIRE ACQUISE, RELANÇANT UN DÉBAT HOULEUX

- MAXENCE CUENOT t @MaxenceCue­not

La course au titre de champion du monde de Formule 1 continue ce dimanche, avec un Grand Prix du Japon qui s'annonce disputé. A la veille du départ, les comptes sont faits: 50 points séparent Sebastian Vettel (Ferrari) de Lewis Hamilton (Mercedes) et 125 restent à prendre d'ici la fin de la saison. Une situation à l'avantage du Britanniqu­e, qui file vers son cinquième titre mondial. Et s'il est sacré, il pourra remercier son coéquipier Valtteri Bottas. A Sotchi le week-end dernier, le Finlandais a été sacrifié par son écurie pour permettre à son leader de s'imposer. Une décision forte, qui souligne l'existence d'une hiérarchie entre les deux pilotes.

UNE PRATIQUE COURANTE

Historique­ment, la pratique est courante. En 1999, la Scuderia Ferrari avait contraint Eddie Ivine à abandonner sa victoire au bénéfice du «Kaiser» Michael Schumacher. En 2010, c'était au tour de Felipe Massa de laisser son leader Fernando Alonso le doubler. L'année dernière, en plein milieu du Grand Prix de Monaco, Kimi Räikkönen, alors en tête de la course, rentrait aux stands par pure déférence envers Sebastian Vettel.

Sur le Sotchi Autodrome, Valtteri Bottas avait toutes les cartes en main pour gagner mais il a été rattrapé par son rôle de coéquipier d'un prétendant au titre. Toto Wolff, directeur de l'écurie Mercedes, l'a répété en conférence de presse: «Je préfère être le méchant [sur cette course] que l'idiot à la fin de l'année.» Mais en décidant de privilégie­r son leader, il a braqué les projecteur­s sur le rôle disgracieu­x du second pilote. Celui qui ne peut nourrir d'ambition personnell­e.

Cette position tranche avec celle que l'écurie avait adoptée en 2016, laissant Lewis Hamilton et Nico Roseberg s'expliquer sur la piste sans entrave. Si le sacre était revenu à l'Allemand, la lutte fratricide entre les deux amis d'enfance avait déchiré le paddock. En «choisissan­t» son vainqueur en Russie, Mercedes a pris une décision jugée cynique par une bonne partie du public, mais qui illustre l'évolution de la Formule 1.

La stratégie avant le spectacle. «Le soir après une séance d'essais, pendant les briefings, vous savez à quelle position vous finirez la course le dimanche et à combien de secondes du premier», déplorait cette semaine Alain Prost dans L’Equipe.

Cela ne choque pas ceux qui s'appuient sur le règlement. La Fédération internatio­nale automobile autorise les consignes depuis 2011, après les avoir prohibées quelques années à la suite du Grand Prix d'Autriche en 2002, qui avait vu Rubens Barrichell­o laisser Michael Schumacher le doubler.

«C’ÉTAIT CE QU’IL FALLAIT FAIRE»

En Russie, la semaine dernière, Mercedes a eu peur de laisser filer des points importants en vue du titre mondial chassé par Lewis Hamilton. «On avait le pouvoir d'accroître son avance de plusieurs points dans un championna­t du monde éprouvant. Parfois, il faut faire avec et c'est ce que nous avons fait», assume Toto Wolff.

Et après tout, la tactique a été approuvée jusque par Sebastian Vettel, qui en fait les frais en tout premier lieu: «C'était évident de faire ce qu'ils ont fait. Il n'y avait pas de questions à se poser.»

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(IMAGO/MOTORSPORT IMAGES) Lewis Hamilton dans le cockpit de sa Mercedes durant les essais du Grand Prix du Japon.

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