Le Temps

«Depuis Creedence Clearwater Revival, on n’a rien eu de nouveau»

- S.G.

Depuis l’émergence de la scène psychédéli­que de la fin des années 1960, San Francisco est restée une ville majoritair­ement rock et alternativ­e, qui a vu ces vingt dernières années émerger des groupes comme American Music Club, Red House Painters, Rebel Motorcycle Club ou encore The Brian Jonestown Massacre. Mais pour Joel Selvin, la dernière formation véritablem­ent importante à avoir émergé dans la By Area est Green Day. Il se souvient qu’au début de leur carrière, à la fin des années 1980, il avait eu le sentiment, après les avoir interviewé­s, qu’ils allaient devenir énormes. «J’ai alors convaincu mon rédacteur en chef de les mettre en une de notre magazine du dimanche. Depuis, ils m’appellent Mr Selvin», rigole-t-il.

«La génération des dotcom kids reste au travail très tard. Ensuite, ils vont boire un verre dans un bar puis sortent en discothèqu­e, analyse le journalist­e et auteur. Ils ne vont plus écouter de musique live, si ce n’est des groupes discos ou de reprises des années 1980. Depuis Creedence Clearwater Revival, on n’a rien eu de véritablem­ent nouveau. La scène actuelle est semi-pro, semi-amatrice, il ne se passe pas grand-chose.»

Au début d’internet, Joel Selvin a vu d’un bon oeil les infimes possibilit­és offertes par cet eldorado qui permettrai­t, pensait-il, de découvrir les prochains Beatles ou les prochains Neil Diamond. «Mais on a eu quoi? Justin Bieber? Oh fuck!» De même, il déplore la déshumanis­ation des concerts, qui deviennent toujours plus gros, toujours plus chers. Mais il a bien fallu, dans le cadre de son activité profession­nelle, qu’il fasse quelques efforts. «J’ai vu trois fois Britney Spears, lâchet-il en soupirant. Là, je me suis dit: toi qui as pris des acides durant les concerts du Dead au Fillmore, qu’est-ce que tu fais là?» L’Américain vient de publier Fare Thee Well. The Final Chapter of the Grateful Dead’s Long, Strange Trip. Il ne s’est toujours pas remis de la fin brutale du Summer of Love, «un épisode traumatiqu­e».

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