Quel psy pour quel problème?
Psychologue ou psychiatre, psychothérapie ou psychanalyse. On connaît ces différentes dénominations, mais on ne sait pas forcément ce qu’elles désignent et vers qui ou quoi se tourner en cas de besoin
«J’ai suivi une psychothérapie il y a quelques années à la suite d’une rupture, j’avais des insomnies. J’ai consulté une fois par semaine pendant huit mois.» Philippe*, 28 ans, travaille dans le milieu de la culture à Genève. Il y a une année, il retourne voir son psychiatre à cause de troubles obsessionnels compulsifs.
Psychanalyse ou psychothérapie?
Mais cette fois-ci, le spécialiste juge qu’une psychothérapie ne sera pas suffisante et lui propose une psychanalyse. Quelle différence? Lors de la psychanalyse, inventée par Freud, le patient est allongé sur un divan et le psychanalyste se trouve derrière lui, hors de son champ de vision. Il intervient moins qu’en psychothérapie. Le but: «L’absence de contact visuel permet aux émotions et pensées de surgir plus facilement. Il y a moins d’influence d’une personne en face», note Bernard Reith, psychiatre-psychothérapeute FMH et psychanalyste.
L’investissement s’avère important: «Je dis vraiment tout, je montre mes côtés les plus sombres», raconte Philippe. «J’y vais pour trois séances de quarante-cinq minutes par semaine. Au début, j’ai refusé: ça représentait trop de temps et d’argent. Mais mon entourage m’a encouragé et j’ai eu envie de tenter l’expérience.»
Pour un suivi moins exigeant, il existe en Suisse trois types de psychothérapies principales, comme l’explique Stephan Wenger, coprésident de la Fédération suisse des psychologues, et psychologue spécialiste en psychothérapie FSP. L’une d’elles est la psychothérapie psychanalytique, basée sur les mêmes théories que la psychanalyse, mais lors de laquelle le patient et le psychothérapeute échangent face à face. «La psychothérapie systémique se concentre, quant à elle, sur le patient à l’intérieur du contexte de son entourage familial et social», poursuit Stephan Wenger «Il existe également la psychothérapie cognitivo-comportementale, qui vise à trouver des solutions face à un symptôme observable, la peur de monter dans un avion, par exemple. Ces psychothérapies se pratiquent à raison d’une ou deux séances par semaine ou par mois.»
Psychiatre ou psychologue?
Le spécialiste saura orienter le patient. Mais la psychanalyse représente une démarche différente. «Certains patients veulent comprendre pourquoi ils vont mal. D’autres cherchent une aide plus concrète, par exemple apprendre à stopper leurs pensées négatives, mais ils ne sont pas intéressés par un travail sur leur fonctionnement», rapporte Bernard Reith.
Pour ces prises en charge, deux profils: le psychiatre, qui a fait des études de médecine. Et le psychologue, qui est passé par la faculté de psychologie. «On peut consulter indifféremment l’un ou l’autre, sauf s’il existe dès le début une nécessité de prendre des médicaments», répond Stephan Wenger.
Une étude de la fondation Pro Mente Sana publiée la semaine dernière montre qu’un Suisse sur cinq souffre de problèmes psychiques. Et en 2012, 5,4% de la population a été traitée alors que 13% des habitants déclaraient souffrir de problèmes psychiques moyens et 5% de problèmes psychiques importants, selon l’Observatoire suisse de la santé.
Les coûts peuvent s’avérer déterminants: les psychiatres sont remboursés par l’assurance de base en Suisse. Chez les psychologues, ceux qui travaillent «en délégation», c’està-dire dans le même cabinet qu’un psychiatre, sont aussi remboursés. Mais les patients des psychologues qui ont une pratique indépendante sont soit pris en charge par les assurances complémentaires, soit paient de leur poche. Avant de consulter, s’assurer que ces spécialistes sont certifiés: le psychiatre doit avoir la mention FMH (Fédération des médecins suisses) et le psychologue la mention FSP (Fédération suisse des psychologues) ou le titre de «psychothérapeute reconnu au niveau fédéral».
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