Le Temps

Un hebdo sud-africain s’excuse pour des scoops entachés de «manipulati­ons»

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L’hebdomadai­re sud-africain «Sunday Times» a présenté dimanche à ses lecteurs des excuses inédites pour des «scoops» retentissa­nts publiés sous la présidence de Jacob Zuma qui se sont avérés largement faux, avouant avoir été le jouet de «manipulati­ons»

«Nous admettons aujourd’hui que quelque chose s’est mal passé dans la collecte de l’informatio­n et le compte rendu» de plusieurs affaires, a écrit le rédacteur en chef du journal, Bongani Siqoko, dans un long mea culpa publié dans ses colonnes.

«Il est clair que nous avons commis des erreurs et que nous nous sommes laissé manipuler par des personnes qui avaient des motivation­s cachées», a-t-il ajouté.

Dans sa colonne, Bongani Siqoko évoque d’abord une série d’articles publiés à partir de 2011 sur un prétendu «escadron de la mort» de la police accusé d’exécutions sommaires dans la ville de Cato Manor, dans la province du KwaZulu-Natal. Des dizaines de membres de cette unité avaient été arrêtés et suspendus, puis finalement blanchis. Cette affaire avait nourri une série de purges dans la police et la justice.

Le rédacteur en chef concède aussi que le Sunday Times s’est lourdement trompé en rapportant la création, par l’actuel ministre Pravin Gordhan, d’une unité spéciale du fisc chargée d’espionner des hommes politiques, dont l’ancien président Zuma.

A l’époque titulaire du portefeuil­le des Finances, Pravin Gordhan avait été remercié par M. Zuma en 2017. Au pouvoir depuis 2009, Jacob Zuma a été poussé à la démission en février par son parti, le Congrès national africain (ANC) au pouvoir, en raison notamment des nombreuses allégation­s de corruption qui pèsent sur lui. Son successeur Cyril Ramaphosa a promis de tourner la page des scandales politico-financiers. «Il existait alors un projet politique parallèle destiné à pervertir nos valeurs démocratiq­ues et à détruire les institutio­ns d’Etat en écartant tous les individus perçus comme des obstacles à ce projet. Nous admettons que nos articles ont pu servir à cet objectif», a écrit Bongani Siqoko. «Nous présentons nos excuses pour avoir permis que nos articles servent ce but», a-t-il conclu.

En une, le journal a annoncé qu’il allait rendre tous les prix qui lui ont été décernés pour ces articles. Le Sunday Times est la propriété de Tiso Blackstar, qui se présente comme le premier groupe sud-africain de presse avec une trentaine de titres à son catalogue. Ses activités incluent également la télévision, la musique et le cinéma.

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