Tabac: la Suisse, mouton noir
Un grand merci à mes confrères Kaelin et Niedermann pour leur «Opinion» (LT du 08.10.2018). Il est impératif que le corps médical se montre plus incisif en ce qui concerne les ravages du tabac. La Suisse n’a pas participé à la réunion de l’OMS dès le 1er octobre à Genève parce qu’elle n’a jamais ratifié la Convention cadre sur le tabac. C’est là, tristement, un signe de l’efficacité à Berne des lobbies anti-prévention, représentant des industries qui sont ce que les Anglo-Saxons appellent des disease mongers (marchands de maladies). Il est inadmissible que ce pays ne reconnaisse pas le danger majeur qu’est le tabac (10000 morts par an en Suisse). La majorité du parlement fédéral ne veut rien savoir de l’histoire des prises d’influence et manoeuvres de Big Tobacco (l’industrie mondiale du tabac dont des membres majeurs ont leur siège chez nous), depuis des décennies: désinformation et manipulation des chiffres, dénégations indignées, manoeuvres dilatoires pour éviter l’instauration de limites à la vente ou à la publicité – alors que de telles limites font baisser la consommation. […] Le 6 septembre dernier, l’émission Temps présent (RTS Un) évoquait les liens très discutables (le mot est très faible) de dizaines de politiciens inféodés à cette industrie. Y compris dans le cadre d’un groupe dit «pour une prévention raisonnable», qui en réalité freine des quatre fers pour éviter toute prévention. Je connais passablement de parlementaires bourgeois mais n’arrive guère à réconcilier notre amitié avec leur opposition à la protection de la santé.
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