Les drones Flyability suscitent l’engouement
PRIX SVC La PME lausannoise, finaliste du Prix Swiss Venture Club, vend ses «robots volants» à travers le monde, essentiellement pour l’inspection industrielle
L'antre de Flyability ne ressemble pas à une PME traditionnelle. Dans des bureaux confinés à Lausanne, des jeunes ingénieurs ne s'affairent pas à la construction d'un jeu de Lego Technic, mais conçoivent et assemblent des robots volants sphériques vendus à travers le monde.
Une démonstration est effectuée dans un couloir exigu. Le drone, protégé par un grillage en carbone, se cogne contre les murs mais ne tombe pas. Il reprend son vol au-dessus des têtes des visiteurs du jour, qui s'amusent à le pousser pour faire dévier sa trajectoire.
Plus de 500 exemplaires ont déjà trouvé des acquéreurs, qui les utilisent essentiellement pour faciliter l'inspection industrielle de lieux difficiles d'accès, comme des galeries, des cheminées, des égouts, des conduites ou des citernes. «Nos clients veulent éviter de mettre en danger des êtres humains. Ainsi, en cas de risque de chute ou de suffocation, ils préfèrent utiliser nos robots faciles à piloter», explique Patrick Thévoz, directeur et cofondateur de la PME lausannoise.
Flotte de robots volants
Lors de sa création en 2014, la PME visait le sauvetage de victimes en cas de catastrophe. Très vite, Flyability s'est concentrée sur l'inspection industrielle. «Le marché cherchait des solutions permettant aux entreprises d'éviter des accidents de personnes tout en étant capables de réduire leurs coûts. Les échafaudages sont aujourd'hui nos principaux concurrents. Or ces installations sont très onéreuses à mettre en place», constate Patrick Thévoz.
Le prix du robot de Flyability s'élève pour sa part à 25000 francs. Certains clients ont déjà acquis plusieurs modèles de l'entreprise lausannoise. «Nous bénéficions de la vague d'enthousiasme pour les drones, mais je préfère parler de robots, car les pilotes de l'appareil n'ont pas besoin de formation préalable. Ils peuvent se concentrer sur leur mission sans chercher à éviter les obstacles, explique le directeur de l'entreprise. Nous espérons monter en puissance auprès de nos clients existants et visons une implémentation à grande échelle. Certains ont manifesté leur intérêt d'acquérir des flottes de robots volants.»
Drones tout-terrain
Supportant des chocs à 15 km/h, le robot de Flyability – dénommé Elios – est équipé d'une caméra thermique pour repérer toute présence humaine, d'une caméra haute résolution qui transmet les images en temps réel et d'un système d'éclairage LED ajustable à distance et en intensité. Le tout ne fait pas plus de 700 grammes, pour une autonomie d'une dizaine de minutes. Le robot résiste aux fortes différences de température, aux poussières ou aux éclaboussures. La PME vaudoise a convaincu des sociétés comme Chevron, BP ou le RAID français, l'unité d'élite de la police tricolore. «Nous nous sommes néanmoins fixé une règle de conduite, celle de ne pas vendre notre robot à des fins militaires», précise Patrick Thévoz.
Flyability travaille sur des évolutions de son produit avec une équipe de 35 ingénieurs. «Nous souhaitons construire un écosystème plus large et aller dans la direction de l'automatisation du vol», envisage Patrick Thévoz. L'étape d'après sera aussi celle qui permettra de faciliter l'analyse des données récoltées par les drones.
L'entreprise a réalisé des ventes de 6 millions de francs en 2017, en progression de 200% par rapport à l'année précédente. Elle s'appuie sur un réseau de 35 distributeurs, mis en place il y a une année seulement, qui revendent les robots à travers le monde.
La PME, qui emploie 70 collaborateurs, prévoit d'enregistrer un chiffre d'affaires de 10 millions de francs en 2018. «Nous devrions maintenir une croissance de 50% par année d'ici à 2025. Nous faisons attention de vivre sur nos revenus», souligne Patrick Thévoz.