Un pays petit par la taille, mais grand par la recherche
L’Institut Paul Scherrer (PSI) a 30 ans! Voilà qui mérite d’être dignement célébré. Qu’un petit pays comme la Suisse entretienne à Villigen, en Argovie, un centre de recherche dont les gigantesques installations couvrent quelque 350 000 mètres carrés, voilà qui ne va pas de soi. Par leur taille et leur complexité, ces installations rendent possibles des performances exceptionnelles dans plusieurs domaines hautement spécialisés: les sciences de la vie, la recherche sur l’énergie et la physique des particules. Le PSI couvre un spectre d’une grande ampleur, comme seuls quelques clusters de par le monde.
Rien d’étonnant, donc, à ce que l’institut soit un lieu de travail très convoité par les scientifique du monde entier: les trois quarts des chercheurs employés au PSI viennent de l’étranger. Les professeurs des hautes écoles suisses qui réalisent des expériences à ses grandes installations de recherche apprécient cette infrastructure. Certains d’entre eux ont même directement participé au développement de ces instruments, comme le montre notre rencontre à Villigen avec Henrik Ronnow, professeur de physique à l’ETH Zurich. Mais obtenir du temps de mesure à ces instruments, dont certains sont uniques, n’est pas facile. Les scientifiques externes qui souhaitent mener des essais au PSI doivent faire acte de candidature dans le cadre d’une procédure compétitive. «Nous devons rejeter jusqu’à deux tiers des demandes», confie Joël Mesot, directeur du PSI, dans l’entretien de ce supplément sur la formation.
Mais l’Institut Paul Scherrer n’est pas une île de recherche fondamentale théorique. Au cours des 30 dernières années, ses chercheurs ont fait émerger des savoirs très pratiques, comme la protonthérapie qui permet d’irradier des patients malades du cancer, tout en ménageant les parties saines de leur organisme. Ou comme des flips hologrammes qui figurent dans les passeports et sur les billets de banque – encore une invention issue des rangs du PSI.
La recherche de point à un coût: dans les universités de Suisse, comme au PSI, qui est un institut fédéral doté d’un budget de plusieurs centaines de millions de francs. Mais les résultats sont remarquables. Il reste à espérer que ce sera toujours le cas après 2019, car des décisions importantes sont sur le point d’être prises en Europe. Le programme de recherche «Horizon 2020» est en passe de s’achever, «Horizon Europe» devrait lui succéder. La Suisse sera-t-elle encore de la partie?
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