Médicament sur mesure
Les installations de recherche au PSI sont utiles aussi à l’industrie pharmaceutique
D’après de récentes études, le nilotinib est un principe actif avec lequel on obtient de bons résultats dans le traitement de la leucémie myéloïde chronique (LMC), un cancer des globules blancs. Ce médicament a été homologué en Suisse en 2008 après une période de développement de quelques années seulement, entre autres grâce à des analyses menées à la Source de Lumière Suisse SLS par la société pharmaceutique Novartis. Depuis 2001, le géant bâlois est utilisateur permanent d’une station de mesure à la SLS. Dans ce bâtiment circulaire aux allures d’OVNI, on produit de la lumière de type rayons X très intense qui permet d’élucider la structure spatiale de molécules de protéines au niveau de l’atome.
Les maladies sont souvent liées aux défaillances de certaines protéines. Dans le cas de la LMC, c’est la production d’une protéine hyperactive qui entraîne une prolifération incontrôlée de certains globules blancs. L’imatinib mis sur le marché en 2001 permet de bloquer l’activité de cette protéine et de contrôler ainsi chez la plupart des patients cette maladie mortelle. Cependant, le traitement ne fonctionne pas chez tout le monde. Apparemment, chez certaines personnes, la protéine en cause est mutée et le médicament ne peut plus s’y arrimer.
Les analyses de structures par rayons X ont permis aux chercheurs de Novartis de découvrir comment et quand l’imatinib agissait – ou pas. Grâce à cette compréhension moléculaire, ils ont pu développer des composés qui se liaient plus étroitement à la protéine, mais aussi à ses mutants. Lors d’étapes ultérieures, ils ont optimisé les propriétés de ces composés pour aboutir finalement à un nouveau principe actif: le nilotinib. «Plus on en apprend sur la manière dont ces composés s’arriment à leur cible, plus les chimistes peuvent obtenir des améliorations, ce qui permet de développer plus vite des médicaments candidats», affirme Sandra Jacob, Executive Director chez Novartis. L’important, souligne-t-elle encore, étant de pouvoir accéder rapidement aux rayons X et à un faisceau de qualité comme celui que le PSI met à disposition à la SLS.
D’autres sociétés pharmaceutiques utilisent elles aussi régulièrement la SLS pour des analyses structurales. Pour les chercheurs, c’est surtout l’étude de ce qu’on appelle des protéines membranaires qui est intéressante. Ces protéines constituent en effet des cibles pour de nombreux médicaments homologués. Les principes actifs qui s’arriment à des protéines membranaires peuvent combattre des maladies comme le cancer, certaines infections, des inflammations ou encore certaines maladies de la rétine. Plus une molécule de principe actif est précisément ajustée à la poche de liaison d’une protéine membranaire, plus le médicament agit de manière rapide et efficace.