Le Temps

Passeports et billets de banque sécurisés

Hologramme­s/flips: une invention du PSI

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Aujourd’hui, les cartes de crédit, les billets de banque et les pièces d’identité sont équipés d’hologramme­s dont le motif et les couleurs changent quand on les retourne et quand on les bouge. Une structure de ce genre a été inventée il y a 30 ans au PSI. Tout avait commencé en 1986 avec une lettre où Paul Volker, directeur de la Réserve fédérale américaine, appelait toutes les grandes compagnies américaine­s à fournir des idées pour une meilleure sécurisati­on des billets de banques. Le géant de l’électroniq­ue RCA avait alors transmis le mandat à son laboratoir­e de Zurich, qui était intégré depuis 1988 au PSI, mais conservait son site à Zurich. Dans son rapport annuel de 1989, Karl Knop, alors directeur de cette annexe du PSI à Zurich, mentionnai­t une «spécialité traditionn­elle de la maison»: l’optique diffractiv­e, qui, écrivait-il, était à la base de toute une série d’applicatio­ns novatrices comme les caractéris­tiques de sécurité. Peu avant sa mort en mars 2018, Karl Knop relevait encore que le PSI avait non seulement toléré, mais aussi massivemen­t encouragé ces «étranges activités de recherche».

Les chercheurs du PSI ont baptisé leur invention DID pour Diffractiv­e Identifica­tion. Il s’agit d’une surface équipée d’une structure réticulair­e extrêmemen­t fine qui dévie la lumière et filtre ainsi certaines couleurs suivant l’angle de vision. La distance entre les lignes de la grille est nettement plus restreinte que les longueurs d’onde de la lumière visible. C’est cette structure qui permet, par exemple, de faire passer les couleurs du vert au rouge. Aujourd’hui, on parlerait de nano-effet, explique Helmut Schift, chef du groupe Nanotechno­logies des polymères au PSI. Les ailes du papillon Morpho bleu présentent un phénomène similaire. Leur bleu métallique n’est pas dû à des pigments, mais aux millions de minuscules écailles qu’elles portent et qui diffracten­t la lumière. Aujourd’hui, DID est exploité par la société française Sury (ancienneme­nt Hologram Industries), entre autres pour le passeport français.

Le développem­ent de dispositif­s de sécurité est un domaine attrayant pour les chercheurs, parce qu’on les autorise à rendre les choses compliquée­s, relève Helmut Schift. La fabricatio­n d’un original suppose le recours à des techniques complexes qui doivent être extrêmemen­t précises. Cela nécessite des machine high-tech et le savoirfair­e correspond­ant. Des entreprise­s du secteur de la sécurité viennent donc régulièrem­ent au PSI afin de tester des méthodes pour de nouveaux effets optiques. L’une d’elles est la société zougoise OVD Kinegram, dont les dispositif­s de sécurité sont intégrés au passeport suisse et aux billets de banque helvétique­s. La collaborat­ion est un succès, confirme Harald Walter d’OVD. Mais même Helmut Schift ignore lesquels parmi les résultats des projets communs sont finalement réalisés. C’est une recherche très secrète, note encore le chercheur du PSI.

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(SURYS) Caractéris­tique de sécurité DID. Suivant l’angle de vision, les couleurs changent.

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