Le Temps

Traiter le cancer au millimètre près

La protonthér­apie ménage les tissus sains

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On ne fait pas que de la recherche au PSI. Sur le site de l’institut, plus de 8000 patients ont déjà été irradiés avec succès au moyen de protons. Plus de 500 d’entre eux étaient des enfants. Les protons sont des particules chargées positiveme­nt que l’on retrouve dans le noyau de tous les atomes. En 1974 déjà, au centre de recherche précurseur du PSI, un accélérate­ur produisait des protons pour des objectifs de recherche. Dix ans plus tard, ces protons étaient utilisés pour la première fois pour traiter des patients atteints de tumeurs oculaires. Dans la foulée, les chercheurs ont développé une technique permettant d’éradiquer aussi de manière ciblée des tumeurs logées à l’intérieur du corps, sans affecter les tissus sains situés tout autour.

En novembre 1996, le premier patient au monde était traité avec cette nouvelle méthode comme le documenten­t les archives du PSI: «Alors qu’à l’extérieur, les températur­es étaient hivernales, un homme de 62 ans venu du canton de Lucerne était allongé à l’intérieur de l’unité de traitement.» Ce patient était atteint d’un mélanome qui avait déjà formé des métastases dans son cerveau. L’irradiatio­n n’avait pas permis de guérir son mélanome malin, mais elle avait stoppé la croissance des métastases dans son cerveau. Ce qui avait permis au patient de jouir encore d’une bonne qualité de vie durant plusieurs années, relevait-on alors au PSI.

La méthode développée par les chercheurs du PSI est appelée Spot Scan ou Pencil Beam Scanning. Aujourd’hui, elle est considérée partout dans le monde comme la procédure standard dans le domaine de la protonthér­apie pour le traitement du cancer. Son principe est le suivant: un faisceau concentré de protons balaie la tumeur de l’arrière vers l’avant, niveau par niveau, couche après couche, avec une précision de l’ordre du millimètre. Cette méthode précise est particuliè­rement adéquate pour traiter les enfants atteints d’un cancer, car ces derniers supportent uniquement une dose beaucoup plus infime de rayonnemen­t que les adultes. Elle est idéale aussi pour traiter certaines tumeurs du cerveau ou des tumeurs situées à proximité de la moelle épinière, qui ne pourraient pas être irradiées de manière suffisamme­nt intense et précise avec les méthodes convention­nelles.

Lors de l’irradiatio­n, le patient est allongé dans un appareil appelé Gantry. Cette machine est pivotable, ce qui permet de braquer le faisceau de protons sur la tumeur de tous les côtés, à l’aide d’aimants. Au début, on la voit comme un monstre, elle fait le même vacarme qu’un train qui démarre, confie une patiente dans une vidéo du PSI. Mais des caméras vous surveillen­t en permanence et la prise en charge est impeccable, souligne-telle encore. En mai 29018, une troisième unité de traitement a pu être ouverte. Cette Gantry 3, qui pèse 270 tonnes, a été construite conjointem­ent par le PSI, l’Hôpital universita­ire de Zurich, l’Université de Zurich et l’entreprise suisse Varian Medical Systems. Grâce à elle, l’attente pour les patients cancéreux est désormais plus courte.

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(SCANDERBEG SAUER PHOTOGRAPH­Y/PSI) Salle de traitement pour la protonthér­apie.

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