Qui discrimine qui? L’étrange vision de la Commission contre le racisme
Est-il légitime de s’interroger sur les positions de la Commission fédérale contre le racisme (CFR)? C’est le cas de nombreux citoyens dont je fais partie. La première interrogation concerne la mission centrale de la CFR: lutter contre les discriminations. Ce n’est dit nulle part, mais les auteurs de discriminations sont toujours les hôtes, jamais les populations accueillies. Pourtant, nombre de réfugiés, notamment musulmans, viennent de pays où l’intolérance entre religions est grande et le patriarcat (inscrit dans les législations) écrasant. Et que dire de nos mosquées influencées par les Frères musulmans, les wahhabites, la Turquie? Elles luttent contre la mixité, enjoignent aux femmes de couvrir leur corps, organisent des conférences où femmes et hommes sont séparés, déclarent aujourd’hui encore des textes parfaits et éternels alors qu’ils enseignent de graves discriminations. Ces aspects sont mis en évidence par les médias et dans mon livre Le radicalisme dans les mosquées suisses. Je ne connais pas d’études mandatées par la CFR qui traitent de ces questions.
La commission accepte les principales revendications des communautés musulmanes sur la base du droit suisse et international, soit la défense de la liberté de conscience et de croyance, le respect de la dignité humaine, l’interdiction de discriminer. Le respect de la non-discrimination implique, précise la commission, qu’aucune loi ou directive «ne vise les signes religieux d’une religion spécifique». Mais la quasi-totalité des signes contestés (burqa, voile, burkini, prières, etc.) ne concerne que l’islam. Impossible donc de ne pas viser cette religion «spécifique». La CFR ignore cette impossibilité, elle précise à propos de la burqa: «Si des mesures particulières doivent être prises en matière de maintien de l’ordre et de sécurité dans l’espace public, ces mesures ne doivent pas viser, implicitement ou explicitement, des tenues vestimentaires liées à une religion en particulier.»
Pour éviter de discriminer une religion, certains demandent «l’interdiction de se dissimuler le visage». Ils tombent dans un autre interdit: les «discriminations INDIRECTES». Enfin, nous dit la CFR, il est aussi interdit d’interdire un «symbole». Impossible de prendre en compte que la burqa est un symbole d’asservissement des femmes dans l’islam, que plus un groupe est radical, plus il l’exige. Et que l’autoriser ici favorise le radicalisme, notamment des enfants.
Tout groupe qui entend faire interdire ce vêtement est donc dans l’impasse. D’autant plus que la CFR ne tient pas compte du fait que le droit peut évoluer: la Cour européenne de justice a accepté l’interdiction de la burqa. La France, l’Autriche et le Danemark la proscrivent et les citoyens européens aimeraient faire de même. Sont-ils des discriminateurs qui s’ignorent ou des opposants à un symbole de discrimination? Un sondage de janvier 2018 nous apprend que les trois quarts des Suisses pensent accepter l’initiative anti-burqa et que 69% des sondés sont favorables à l’interdiction du foulard des élèves, foulard que Martine Brunschwig Graf se félicite d’avoir autorisé à Genève. Sa réaction à propos d’interdictions du burkini confirme cette vision systématiquement positive: «Le burkini permet aux femmes d’aller à la plage, donc de se libérer, et non l’inverse.» Se libérer? Les femmes musulmanes peuvent grâce à ce costume garder leur vision archaïque des relations entre hommes et femmes.
Cette approche des revendications communautaires conduit la CFR à alimenter les ressentiments à l’égard de la Suisse. En 2017, lors d’un colloque intitulé «L’hostilité envers les musulmans», les intervenants ont défendu la même vision: «Vivre dans la suspicion généralisée», «Les musulmans dans le collimateur», «L’hostilité envers les musulmans sur internet», etc. L’ignorance de l’influence des intégristes et l’axiome de la CFR – l’absence de lien entre islam et terrorisme ou radicalisme – interdisaient de voir ailleurs que dans les discriminateurs suisses une explication à cette hostilité.
L’Association suisse vigilance islam a envoyé à la présidente une pétition de près de 800 signatures lui demandant d’organiser des manifestations contradictoires. Sans succès.
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Ce n’est dit nulle part, mais les auteurs de discriminations sont toujours les hôtes, jamais les populations accueillies