Le Conseil fédéral défend l’écornage
Le gouvernement a lancé la campagne du non à l’initiative «Pour les vaches à cornes»
L’initiative «Pour les vaches à cornes» a longtemps fait sourire. Le projet du paysan grison Armin Capaul demande qu’un soutien économique aux éleveurs de vaches, chèvres, taureaux et boucs cornus soit inscrit dans la Constitution. Après avoir été successivement rejetée par les deux Chambres du parlement et par le Conseil fédéral, la proposition insolite n’en est pas moins au menu des votations de novembre. Chargé de l’épineux dossier, le ministre de l’Economie, Johann Schneider-Ammann, lançait ce mardi la campagne du non.
«Plus un élevage compte d’animaux à cornes, plus le risque d’accident pour l’homme et les bêtes augmente», a affirmé le Bernois. Fils de vétérinaire, le conseiller fédéral sortant parle en connaissance de cause, puisqu’il a révélé avoir lui-même fait les frais d’un coup de corne dans son enfance alors qu’il accompagnait son père à l’étable. «Dans un espace confiné, attacher les animaux peut ainsi devenir nécessaire, a-t-il souligné. Or cela va à l’encontre de la politique agricole suisse, qui encourage les paysans à ne pas entraver leur bétail. Il n’est en outre pas prouvé scientifiquement que l’écornage fasse souffrir les animaux.»
Coûts estimés entre 10 et 30 millions de francs
Les coûts d’une telle mesure pourraient en outre atteindre entre 10 et 30 millions de francs, a-t-il renchéri. Et ces derniers devraient être prélevés aux dépens d’autres aides dans le budget de l’agriculture. «Demandez aux paysans qui font du lait d’offrir cet argent pour compenser les idées de M. Capaul. Vous ne les trouverez pas!» a fait valoir le ministre sortant. La somme paraît toutefois gérable dans un budget de plus de 3 milliards de francs, argumentent les initiants, qui estiment la mesure peu dispendieuse compte tenu de l’importance que revêtent les cornes des bêtes pour leur permettre de «communiquer, réguler leur température, effectuer leurs soins corporels et se reconnaître».
Les défenseurs des cornes peuvent compter sur le soutien du Parti socialiste et des Verts, tandis que le PLR et l’UDC se sont rangés du côté du Conseil fédéral. Le PDC, qui prendra position ce vendredi, devrait également rejoindre dans le camp du non.
Quelles que soient leurs positions, les politiques suisses se sont unanimement réjouis que le système helvétique permette une telle liberté d’initiative à leurs concitoyens.
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