Le Temps

Nouvelle victoire pour Christian Cudré-Mauroux

- FATI MANSOUR t @fatimansou­r

L’ancien numéro deux de la police genevoise a été injustemen­t réaffecté à un poste moins prestigieu­x, estiment les juges. Le Départemen­t de la sécurité est de nouveau désavoué

Christian Cudré-Mauroux, ancien numéro deux de la police genevoise, gagne son bras de fer contre le Départemen­t de la sécurité de Pierre Maudet. Après avoir été blanchi de toute faute dans la gestion des émeutes de décembre 2015 et avoir retrouvé son grade, il vient d'obtenir l'annulation de sa nouvelle affectatio­n comme chef d'état-major. Dans son arrêt, la Chambre administra­tive admet que ce nouveau poste constitue bien «une sanction déguisée».

«Caractère punitif»

Depuis deux ans, il se définit luimême comme «un policier en lutte». Ce combat aura doublement payé. Les juges estiment que l'actuelle fonction de chef d'état-major doit aussi être considérée comme moins prestigieu­se que celle de chef des opérations. Même s'il garde son grade de lieutenant-colonel et conserve son ancien traitement, Christian Cudré-Mauroux a désormais beaucoup moins de fonctionna­ires sous ses ordres et aucun n'est officier de police. Lui-même déplorait surtout le fait d'être éloigné du terrain et du maintien de l'ordre, ses domaines de compétence depuis trois décennies.

Selon l'arrêt, «le caractère punitif de l'affectatio­n décidée» est encore mis en évidence par le fait que le cahier des charges de chef d'état-major a été modifié et que la fonction de chef du service de presse a été retirée. Les juges balaient aussi les craintes du départemen­t, qui évoquait de possibles tensions entre la brigade du renseignem­ent et Christian Cudé-Mauroux pour éloigner ce dernier de son poste précédent.

Me Eric Maugué, conseil de l'ex-numéro deux, est évidemment satisfait de cette décision. «L'objectif de mon client reste de réintégrer son poste de chef des opérations de manière effective», précise encore l'avocat. Les juges, qui se sont limités à annuler la décision d'affectatio­n, n'ont toutefois pas ordonné la réintégrat­ion dans l'ancienne fonction. Le casse-tête reste donc entier pour le départemen­t (un recours est encore possible), qui se retrouve avec un prétendant légitime pour un poste déjà occupé. Ce sera à Mauro Poggia, bombardé ministre de tutelle de la Police, de trouver une solution susceptibl­e d'apaiser ce conflit.

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