Le Predator est un chasseur solitaire
L’impitoyable extraterrestre est de retour sur Terre avec ses dreadlocks, ses boomerangs explosifs et ses lames rétractiles, et c’est un désastre cinématographique
Un vaisseau Predator se crashe sur Terre. Son occupant s’en prend à McKenna et à ses hommes, qui crapahutent dans le secteur. Il n’aurait pas dû, car ce sont des durs de durs. L’extraterrestre est enfermé dans un laboratoire de recherches. Il s’en échappe pour se faire rétamer par un autre Predator, plus gros, plus méchant. La suite se déroule de nuit, au fond des bois. L’enjeu est le fils autiste de McKenna, qui déchiffre la langue et les mécaniques prédatoriennes. Les soldats héroïques entrent en conflit avec les salopards des agences gouvernementales.
La première fois que cette entité extraterrestre s’en est prise à l’humanité, c’était en 1987, dans la forêt équatoriale. Pas de chance: Arnold Schwarzenegger était là et le chasseur à dreadlocks et chélicères baveux a morflé. Depuis le Predator (ou Yautja) a semé la désolation à Los Angeles et s’est fritté avec Alien.
Etripage express
Le voici réactivé par Shane Black, qui était comédien dans le film originel de John McTiernan et qui, depuis, est passé derrière la caméra, notamment pour un Iron Man 3 fort réjouissant. Ce spin-off dicté par un principe de surenchère dans le gore (étripage express, prélèvement de colonnes vertébrales in vivo), la violence et la bêtise, est un ratage exemplaire. Le Predator faisait 2 mètres de haut? Il en fait 4 à présent – mais a toujours la même sale gueule de crabe haineux. Le comble du grotesque est atteint avec des chiens extraterrestres, des sortes de crapauds à dreadlocks. Les soldats sautent d’une hauteur de 20 mètres sans casse, s’accrochent à un ovni qui décolle. Le chargeur des armes à feu contient au moins 50000 balles, aussi efficaces qu’une rafale de marshmallows sur un rhinocéros. Le monstre hideux finit toutefois dilacéré, bavant son sang fluo telle une limace ayant touché un grain bleu.
Predator suit une trajectoire parallèle à celle d’Alien: terrifiants à leurs débuts dans des films qui sollicitaient l’imagination, ils sombrent dans l’insignifiance et le ridicule au gré de déclinaisons de moins en moins inspirées. Cette dernière resucée se profile en amorce d’une franchise puisque McKenna l’impavide entre en possession d’une armure prédatorienne. ▅
x The Predator, de Shane Black (Etats-Unis, 2018), avec Boyd Holbrook, Trevante Rhodes, Sterling K. Brown, 1h45.