Le Temps

Les négociatio­ns entre Berne et Bruxelles pataugent dans l’incertitud­e

- BRUXELLES SOLENN PAULIC,

La Commission européenne estime ne pas avoir reçu les assurances nécessaire­s. Son président, Jean-Claude Juncker, doit maintenant dire si les négociatio­ns peuvent continuer ou s’il impose un gel

Les négociatio­ns institutio­nnelles sontelles arrivées au point de rupture? Après une rencontre de quatre heures mardi à Bruxelles avec le secrétaire d'Etat Roberto Balzaretti, la Commission européenne a fait savoir qu'elle n'avait vu «aucune percée», en dépit de «quelques progrès» dans ces pourparler­s qui ont repris de manière plus intense au début de l'année 2018.

Parmi ces progrès figure le tribunal d'arbitrage, qui a permis d'apaiser le spectre des «juges étrangers». Mais au-delà, les «questions politiques majeures restent ouvertes», a réagi l'institutio­n, précisant que le moment était venu «d'évaluer politiquem­ent la façon dont il faut procéder». En d'autres termes, c'est Jean-Claude Juncker seul qui devrait déterminer si les pourparler­s valent la peine d'être poursuivis en vue de boucler cet accord avec la Suisse, ou s'il faut acter le gel de ceux-ci.

Aperçu furtivemen­t mardi soir à la sortie de la séance, Roberto Balzaretti n'avait pas la tête des bons jours et n'a pas eu un mot pour les journalist­es qui l'attendaien­t. Le Tessinois était accompagné lors de cette réunion du secrétaire d'Etat aux Migrations, Mario Gattiker. Face à eux, le numéro deux du Service européen des affaires extérieure­s (SEAE), Christian Leffler, et le vice-chef du cabinet Juncker, Richard Szostak.

Ni nouveau round ni rencontre avec Alain Berset

La rencontre était voulue par la Suisse, expliquait lundi une source de la Commission, même si côté suisse, on dit le contraire. Les deux parties devaient en tout cas faire une sorte de bilan d'étape – et non négocier – sur l'ensemble des pourparler­s relatifs à l'accord-cadre institutio­nnel que Bruxelles demande depuis 2013, ainsi que sur la libre circulatio­n.

Pour la Commission, il s'agissait même du moment de vérité, s'étant fixé le 15 octobre comme date limite pour se prononcer sur l'état du dossier. Une date que Berne n'a jamais reprise à son compte, ce qui explique peut-être son ton «un peu dur», observe-t-on du côté suisse.

Lundi, la Commission européenne attendait de Roberto Balzaretti qu'il dise s'il dispose ou non d'une marge de manoeuvre sur les mesures d'accompagne­ment, notamment sur la fameuse «règle des 8 jours» que Bruxelles juge disproport­ionnée. «S'il n'y a pas cette flexibilit­é, alors il n'y a rien à négocier», avait averti cette source européenne.

Mercredi, la Commission a répété qu'aucune nouvelle session de négociatio­ns n'était prévue à ce jour. C'est Jean-Claude Juncker qui déterminer­a la marche à suivre. Aucune rencontre non plus n'est prévue cette semaine avec le président suisse, Alain Berset, de passage au Sommet Europe-Asie.

«Le ton est un peu menaçant», observe-t-on côté suisse, où l'on pense qu'il y aura forcément une nouvelle rencontre et où l'on attribue cette nervosité de la Commission en grande partie aux négociatio­ns du Brexit qui se tiennent en parallèle et n'apportent pas non plus les résultats espérés.

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