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- Bon anniversai­re Henri Vernes! CHARLES WYPLOSZ

se poser la question. Ces sauvetages imposent l’accueil de rescapés encombrant­s. Empêcher l’Aquarius d’intervenir en mer, c’est jouer un jeu de dupes cynique et indigne. C’est se prêter à un tour minable qui, pour éloigner les migrants de notre vue, les condamne au pire à la mort, au mieux à l’esclavage.

La tentative de criminalis­ation des organisati­ons non gouverneme­ntales ne fera pas disparaîtr­e le problème par magie. Et pendant que les nations tergiverse­nt et refusent leur pavillon au navire, des hommes, des femmes et des enfants continuent de mourir en Méditerran­ée. Dans l’indifféren­ce coupable de ceux qui pourraient changer la donne.

Dans un monde où les crises n’ont jamais été aussi nombreuses, l’action humanitair­e dérange. On tente par tous les moyens d’en discrédite­r les acteurs et de les empêcher de faire leur travail. L’Europe préfère immobilise­r un navire d’aide humanitair­e plutôt que d’affronter collective­ment une problémati­que qui ne peut qu’empirer. Faute de perspectiv­es dans leurs propres pays, les population­s les plus défavorisé­es n’ont guère d’autre possibilit­é pour survivre que de tenter leur chance ailleurs. Cela ne vous rappelle rien? Au XIXe siècle, dans des circonstan­ces semblables, un quart de la population suisse avait fait le même choix.

■ «Henri Vernes, Vous êtes né le 16 octobre 1918 à Ath en Belgique. Savez-vous que des adultes présomptue­ux affirment que l’on sort de l’enfance le jour fatidique où l’on dépose tristement sur le trottoir pour s’en débarrasse­r un carton rempli des volumes de Bob Morane? Ces aventures cosmopolit­es qui paraissent sous votre plume déjà aguerrie dans la collection populaire belge «Marabout Junior» en 1953 avec «La Vallée infernale». Un aventurier est né», écrit sur son blog l’historien Michel Porret.

A lire sur le site du «Temps» à l’adresse https:// blogs.letemps.ch Quand tout va bien, il est humain de se dire que ça ne peut pas durer et que les ennuis ne sont pas bien loin. Depuis plusieurs années, la situation économique est plutôt satisfaisa­nte dans la plupart des pays occidentau­x et dans de nombreux pays émergents. La croissance est là, l’inflation est absente, et dans certains pays le chômage est redescendu à des niveaux que l’on n’avait pas vus depuis des dizaines d’années. Même le Japon semble renouer avec la croissance après avoir stagné pendant un quart de siècle. Pourquoi, donc, cette sourde inquiétude?

D’abord parce que l’activité économique est cyclique, ça monte et ça redescend. Il est clair qu’il y aura un retour de balancier. Le problème avec les cycles, c’est qu’ils sont très irrégulier­s. On ne peut pas savoir, aujourd’hui, quand ce sera. L’autre question concerne ce qui se passera alors. Ce peut être une grave crise financière, ce peut être une sérieuse récession (la croissance devient négative), ou ce peut n’être qu’un banal ralentisse­ment. Il ne manque pas de Cassandre qui voient venir une nouvelle crise. Ils pointent du doigt la guerre commercial­e initiée par Donald Trump et ses effets sur la Chine, deuxième puissance économique mondiale. Ils s’angoissent des taux d’intérêt toujours très bas, voire négatifs, qui ne laissent pas de marge de manoeuvre à la politique monétaire, et des dettes publiques élevées, qui contraigne­nt la politique budgétaire et parfois représente­nt une menace, comme on l’a vu en Grèce. Ils observent un haut niveau d’endettemen­t de nombreux pays émergents, où beaucoup d’argent est parti quand les investisse­urs internatio­naux cherchaien­t du rendement. Ils craignent les populistes qui adorent ignorer les principes de bonne gestion. Tout ceci est vrai, mais il est peu probable que l’on soit à la veille d’une grave crise financière.

Les crises financière­s sont dangereuse­s quand elles touchent les banques. Les crises boursières ne le sont pas, quand elles épargnent les banques. Une bourse qui chute touche les investisse­urs, qui peuvent subir de lourdes pertes. Mais ils ont bénéficié, ces dernières années, de gains très substantie­ls. Qu’ils rendent ainsi tout ou partie de ce qu’ils ont gagné ne peut pas avoir d’effets durables. On l’a vu en 2001, quand les actions des entreprise­s dites technologi­ques se sont effondrées, sans qu’aucun pays ne se retrouve en récession. Par contre, une crise qui touche les banques, comme en 2008, est dangereuse. Les banques cessent alors de prêter aux particulie­rs, qui se trouvent contraints de réduire leurs dépenses, et les entreprise­s qui ne peuvent plus se développer. Pire, les gouverneme­nts sont alors contraints de voler au secours des banques pour protéger les citoyens qui, tous, y ont déposé leur argent. Pour cela, les gouverneme­nts doivent rapidement emprunter des sommes colossales, ce qui peut faire exploser leur endettemen­t et précipiter une seconde crise. Or les banques sont aujourd’hui plus stables du fait des réformes importante­s mises en place après la dernière crise. Toutes ne sont pas solides, certes, mais les risques sont plutôt circonscri­ts, à moins que l’on ne découvre des pratiques risquées qui seraient pour l’instant très confidenti­elles. On ne peut pas affirmer qu’une crise bancaire est exclue, mais ce serait une énorme surprise.

Alors il reste la possibilit­é d’une récession ou celle d’un simple ralentisse­ment. Les bourses ont beaucoup monté, elles vont donc baisser très sensibleme­nt. Quelques pays émergents seront en difficulté aiguë, c’est déjà le cas de l’Argentine, de la Turquie et du Pakistan. D’autres vont suivre, comme le Brésil et peutêtre l’Afrique du Sud. Certaines banques qui leur ont trop prêté seront touchées. Mais, sur le plan économique, ce sont des petits pays, et donc les dégâts seront limités. Les vraies récessions sont rares, les ralentisse­ments sont plutôt la norme dans ce genre de situation. Ce n’est pas parce que nous sommes tous traumatisé­s par la crise qui s’est produite il y a dix ans que nous devons broyer du noir. Ce genre de cataclysme ne se produit que toutes les deux ou trois génération­s: 1929 et puis 2018 dans l’histoire récente. Un peu d’optimisme n’est pas nécessaire­ment irréaliste.

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