SUR LES BLOGS
se poser la question. Ces sauvetages imposent l’accueil de rescapés encombrants. Empêcher l’Aquarius d’intervenir en mer, c’est jouer un jeu de dupes cynique et indigne. C’est se prêter à un tour minable qui, pour éloigner les migrants de notre vue, les condamne au pire à la mort, au mieux à l’esclavage.
La tentative de criminalisation des organisations non gouvernementales ne fera pas disparaître le problème par magie. Et pendant que les nations tergiversent et refusent leur pavillon au navire, des hommes, des femmes et des enfants continuent de mourir en Méditerranée. Dans l’indifférence coupable de ceux qui pourraient changer la donne.
Dans un monde où les crises n’ont jamais été aussi nombreuses, l’action humanitaire dérange. On tente par tous les moyens d’en discréditer les acteurs et de les empêcher de faire leur travail. L’Europe préfère immobiliser un navire d’aide humanitaire plutôt que d’affronter collectivement une problématique qui ne peut qu’empirer. Faute de perspectives dans leurs propres pays, les populations les plus défavorisées n’ont guère d’autre possibilité pour survivre que de tenter leur chance ailleurs. Cela ne vous rappelle rien? Au XIXe siècle, dans des circonstances semblables, un quart de la population suisse avait fait le même choix.
■ «Henri Vernes, Vous êtes né le 16 octobre 1918 à Ath en Belgique. Savez-vous que des adultes présomptueux affirment que l’on sort de l’enfance le jour fatidique où l’on dépose tristement sur le trottoir pour s’en débarrasser un carton rempli des volumes de Bob Morane? Ces aventures cosmopolites qui paraissent sous votre plume déjà aguerrie dans la collection populaire belge «Marabout Junior» en 1953 avec «La Vallée infernale». Un aventurier est né», écrit sur son blog l’historien Michel Porret.
A lire sur le site du «Temps» à l’adresse https:// blogs.letemps.ch Quand tout va bien, il est humain de se dire que ça ne peut pas durer et que les ennuis ne sont pas bien loin. Depuis plusieurs années, la situation économique est plutôt satisfaisante dans la plupart des pays occidentaux et dans de nombreux pays émergents. La croissance est là, l’inflation est absente, et dans certains pays le chômage est redescendu à des niveaux que l’on n’avait pas vus depuis des dizaines d’années. Même le Japon semble renouer avec la croissance après avoir stagné pendant un quart de siècle. Pourquoi, donc, cette sourde inquiétude?
D’abord parce que l’activité économique est cyclique, ça monte et ça redescend. Il est clair qu’il y aura un retour de balancier. Le problème avec les cycles, c’est qu’ils sont très irréguliers. On ne peut pas savoir, aujourd’hui, quand ce sera. L’autre question concerne ce qui se passera alors. Ce peut être une grave crise financière, ce peut être une sérieuse récession (la croissance devient négative), ou ce peut n’être qu’un banal ralentissement. Il ne manque pas de Cassandre qui voient venir une nouvelle crise. Ils pointent du doigt la guerre commerciale initiée par Donald Trump et ses effets sur la Chine, deuxième puissance économique mondiale. Ils s’angoissent des taux d’intérêt toujours très bas, voire négatifs, qui ne laissent pas de marge de manoeuvre à la politique monétaire, et des dettes publiques élevées, qui contraignent la politique budgétaire et parfois représentent une menace, comme on l’a vu en Grèce. Ils observent un haut niveau d’endettement de nombreux pays émergents, où beaucoup d’argent est parti quand les investisseurs internationaux cherchaient du rendement. Ils craignent les populistes qui adorent ignorer les principes de bonne gestion. Tout ceci est vrai, mais il est peu probable que l’on soit à la veille d’une grave crise financière.
Les crises financières sont dangereuses quand elles touchent les banques. Les crises boursières ne le sont pas, quand elles épargnent les banques. Une bourse qui chute touche les investisseurs, qui peuvent subir de lourdes pertes. Mais ils ont bénéficié, ces dernières années, de gains très substantiels. Qu’ils rendent ainsi tout ou partie de ce qu’ils ont gagné ne peut pas avoir d’effets durables. On l’a vu en 2001, quand les actions des entreprises dites technologiques se sont effondrées, sans qu’aucun pays ne se retrouve en récession. Par contre, une crise qui touche les banques, comme en 2008, est dangereuse. Les banques cessent alors de prêter aux particuliers, qui se trouvent contraints de réduire leurs dépenses, et les entreprises qui ne peuvent plus se développer. Pire, les gouvernements sont alors contraints de voler au secours des banques pour protéger les citoyens qui, tous, y ont déposé leur argent. Pour cela, les gouvernements doivent rapidement emprunter des sommes colossales, ce qui peut faire exploser leur endettement et précipiter une seconde crise. Or les banques sont aujourd’hui plus stables du fait des réformes importantes mises en place après la dernière crise. Toutes ne sont pas solides, certes, mais les risques sont plutôt circonscrits, à moins que l’on ne découvre des pratiques risquées qui seraient pour l’instant très confidentielles. On ne peut pas affirmer qu’une crise bancaire est exclue, mais ce serait une énorme surprise.
Alors il reste la possibilité d’une récession ou celle d’un simple ralentissement. Les bourses ont beaucoup monté, elles vont donc baisser très sensiblement. Quelques pays émergents seront en difficulté aiguë, c’est déjà le cas de l’Argentine, de la Turquie et du Pakistan. D’autres vont suivre, comme le Brésil et peutêtre l’Afrique du Sud. Certaines banques qui leur ont trop prêté seront touchées. Mais, sur le plan économique, ce sont des petits pays, et donc les dégâts seront limités. Les vraies récessions sont rares, les ralentissements sont plutôt la norme dans ce genre de situation. Ce n’est pas parce que nous sommes tous traumatisés par la crise qui s’est produite il y a dix ans que nous devons broyer du noir. Ce genre de cataclysme ne se produit que toutes les deux ou trois générations: 1929 et puis 2018 dans l’histoire récente. Un peu d’optimisme n’est pas nécessairement irréaliste.
■