Le Temps

Madrid, première capitale de la nouvelle Coupe Davis

- MADRID FRANCOIS MUSSEAU,

Le footballeu­r du Barça Gerard Piqué a présenté son projet de «Mondial du tennis». La première aura lieu du 18 au 24 novembre 2019

Conforméme­nt aux rumeurs qui circulaien­t, Madrid sera le siège en 2019 et 2020 des deux premières Coupes Davis dans sa nouvelle formule. Aux côtés de la maire de la capitale, Manuela Carmena, c’est le nouvel homme fort du tennis mondial, le footballeu­r Gerard Piqué, qui l’a confirmé au cours d’une conférence de presse très attendue tenue jeudi près de l’aéroport de Madrid-Barajas.

Un rêve qui se réalise

Costume noir, chemise et pochette blanches, le célèbre arrière central du FC Barcelone, qui est aussi le président de la société Kosmos, a ainsi donné un nouveau coup d’envoi à l’une des plus anciennes compétitio­ns sportives de la planète, née en 1900. «J’espère que Madrid va vivre une semaine magique avec la nouvelle Coupe Davis!» a clamé, tout sourire, cet homme aux multiples facettes, époux de la chanteuse Shakira, avec qui il a deux enfants. Selon ses plans, la capitale espagnole sera donc le siège de la Coupe Davis au cours des mois de novembre 2019 et 2020. L’année prochaine, du 18 au 24 novembre à la Caja Magica (un complexe tennistiqu­e ultramoder­ne à Madrid), 18 nations participer­ont, dont quatre sont déjà qualifiées: l’Espagne, la Croatie, la France et les Etats-Unis.

«C’est un rêve que j’ai eu il y a très longtemps, celui de créer un événement unique dans le monde du tennis, dans lequel les joueurs puissent représente­r leurs nations et leurs fédération­s […] Ce rêve va désormais être réalité.» Gerard Piqué, qui, à la tête de Kosmos, s’est engagé à investir 3 milliards de dollars au cours des vingt-cinq prochaines années, est bien conscient d’incarner une révolution dans ce sport qui le passionne depuis l’enfance et qu’il a pratiqué assidûment dans sa jeunesse, avant de lui préférer le ballon rond: celui qui a su convaincre la FIT – la Fédération internatio­nale de tennis – de changer l’ancienne formule parie pour la tenue d’une compétitio­n qui ait lieu pendant une semaine dans un même lieu. «Depuis des années, déclarait-il cet été au quotidien sportif Marca, la Coupe Davis vivait une décadence. La plupart des meilleurs joueurs ne la disputaien­t plus, en raison des difficulté­s de calendrier et des efforts que cette compétitio­n exigeait. Il fallait s’adapter à notre époque.»

Un «Mondial du tennis»

Le souhait du président de Kosmos est donc de redorer le blason d’une vieille compétitio­n pour la transmuer en un «formidable Mondial du tennis» – selon l’expression du directeur général de Kosmos, Javier Alonso. Un peu à l’image de la Coupe du monde de football. Pour ce faire, il bénéficie notamment de l’aval d’Hiroshi Mikitani, président du groupe Rakuten, spécialisé dans le commerce numérique et qui sponsorise le maillot de football du FC Barcelone. Pour Gerard Piqué, il s’agit là de poursuivre une tradition familiale: ce Catalan est le petitfils d’un certain Amador Bosch, qui fut un entreprene­ur de haut vol. Malgré son jeune âge, Gerard Piqué a déjà plusieurs négoces à son actif dans les domaines de l’image (Kerard Project), de l’immobilier (Kerard Holding) et du design de jeux vidéo (Kerard Games). «Le football ne me prend que trois heures de mon temps par jour», se plaît-il à dire, un peu sur le ton de la provocatio­n.

Pour autant, celui qui a déjà fait des formations poussées à l’Université Harvard, pour améliorer ses connaissan­ces dans le négoce du sport, se heurte à de solides difficulté­s. De nombreux grands joueurs de tennis voient en effet d’un mauvais oeil l’organisati­on d’une Coupe Davis en novembre, une fin de saison où ils ont généraleme­nt envie de se reposer. Ainsi, trois des cinq meilleurs mondiaux, Novak Djokovic, Roger Federer et Mischa Zverev, ont fait savoir leur désapproba­tion à l’égard du calendrier que veut imposer la société Kosmos.

A Shanghai pour convaincre Djokovic

Federer tient également à sécuriser la place de sa Laver Cup en septembre dans le calendrier, une date que convoite Gerard Piqué en qui il voit donc un rival. L’Espagnol mise donc plutôt sur Novak Djokovic, qu’il est allé rencontrer récemment au Masters 1000 de Shanghai pour tenter de le convaincre, sans grand succès. Seul Rafael Nadal est pour l’heure conquis. «C’est une bonne nouvelle pour Madrid d’accueillir un événement d’une telle ampleur, a commenté le numéro un mondial. Jouer la Coupe Davis a toujours été quelque chose de spécial, et ce le sera encore plus avec l’ambiance qu’il y aura en novembre, avec des fans de tous les pays participan­ts.»

L’autre difficulté est l’organisati­on de la Coupe du monde par équipes (World Team Cup), en Australie, en janvier 2020, soit seulement quelques semaines après la Coupe Davis à Madrid. A terme, dit-on en coulisses, l’une des deux compétitio­ns devra disparaîtr­e, ou perdre en importance. Ces contrainte­s et ces ombres n’empêchent pas les dirigeants de Kosmos de se montrer optimistes. Aux yeux de Javier Alonso, une des clés sera la négociatio­n avec l’ATP: si la participat­ion dans la nouvelle Coupe Davis pouvait supposer des points supplément­aires pour les joueurs dans ce classement mondial, cela pourrait changer la donne au profit de la société dirigée par Gerard Piqué.

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