Le Temps

Des assurances individuel­les pour transférer les risques en matière de responsabi­lité à des tiers

De responsabi­lité Des solutions d’assurance individuel­les permettent de transférer à des tiers les risques en matière

- TIMO SALVISBERG ET KLAUS PERETTI* Timo Salvisberg: Klaus Peretti:

La responsabi­lité du vendeur lors de transactio­ns de fusions et d’acquisitio­ns (F&A) représente toujours un point délicat dans les négociatio­ns contractue­lles. Car le vendeur veut limiter autant que possible sa responsabi­lité. Dans le marché vendeur actuel, cela se reflète dans les maigres engagement­s, les très faibles montants de la responsabi­lité civile ainsi que les délais très courts pour faire valoir des violations de contrat.

Dans ce cas, une assurance transactio­n – «warranty and indemnity insurance» (W&I) – ou, aux Etats-Unis, une «representa­tions and warranties insurance» (R&W) permet d’atteindre plusieurs objectifs. Le but du vendeur est de transférer à l’assureur la responsabi­lité en cas de violation des engagement­s prévus dans le contrat de vente. Cela lui permet d’exclure dans une grande mesure son propre risque en matière de responsabi­lité. De son côté, l’acheteur a l’avantage de pouvoir fixer le montant de couverture de son choix. De plus, il peut fixer dans le contrat d’assurance des délais plus longs que ceux prévus dans le contrat de vente, pour faire valoir ses prétention­s. Dans quelque 95% des cas, c’est l’acheteur qui conclut l’assurance. Cela malgré le fait que la motivation pour la conclusion d’une telle assurance se trouve le plus souvent du côté du vendeur («clean exit», exclusion maximale de responsabi­lité). Le vendeur peut toutefois, lui aussi, conclure une telle assurance, mais sous d’autres prémisses. Deviendron­t-elles la norme? Dans les marchés F&A des EtatsUnis et de Grande-Bretagne, mais aussi en Asie et en Australie, les assurances W&I et R&W sont déjà bien établies – l’Europe continenta­le est à la traîne. Mais là aussi, le constat s’impose que ces assurances représente­nt une alternativ­e judicieuse à la responsabi­lité contractue­lle liée à la vente d’entreprise ainsi qu’aux méthodes d’assurance convention­nelles telles que l’escrow-account, la garantie bancaire ou autre. Cette assurance est également judicieuse en cas de structure hétérogène de l’actionnari­at du côté du vendeur, en cas d’insolvabil­ité, de doutes quant à la joignabili­té du vendeur après la transactio­n ou d’un contexte commercial, juridique ou politique difficile. Autrement dit, dans des situations dans lesquelles il est de facto impossible ou du moins très difficile de faire valoir des prétention­s liées au contrat de vente.

Meilleure préparatio­n du vendeur

Les vendeurs avertis signalent avant même la transactio­n qu’ils souhaitent la conclusion d’une assurance W&I par l’acheteur et préparent déjà cette assurance. Cela peut se faire sous la forme d’une «soft-stapled-solution», dans le cadre de laquelle un courtier en assurances recueille des offres sur le marché des assurances pour le compte du vendeur et mène à terme les négociatio­ns avec l’acheteur exclusif. Une autre variante est la «hard-stapled-solution», dans laquelle le vendeur négocie une solution d’assurance taillée sur mesure pour le contrat de vente, et où l’acheteur n’intervient qu’à la fin. De telles solutions sont encore l’exception en Suisse, mais sont fréquemmen­t employées, par exemple, en Allemagne. Alors que l’assurance W&I n’est destinée à couvrir que des risques inconnus, il est aussi possible d’assurer des risques connus, dans le cadre de transactio­ns d’entreprise­s, notamment dans les domaines suivants:

• Fiscalité (tax liability): assurance en cas de non-réalisatio­n d’effets fiscaux attendus en lien avec la transactio­n;

• Plaintes/procès (litigation buyout ou litigation caps): transfert ou limitation de la responsabi­lité en cas de litiges potentiels ou imminents;

• Environnem­ent (environmen­tal liability): assurance en cas de risques inconnus pour l’environnem­ent ou d’évaluation insuffisan­te de risques connus tels qu’une pollution et les coûts d’assainisse­ment correspond­ants.

Due diligence sous-estimée

Lors de la préparatio­n de la solution d’assurance, les parties devraient avoir conscience que celle-ci prévoit des exclusions et que l’assureur ne couvrira que les engagement­s du contrat de vente ayant fait l’objet d’un contrôle dans le cadre de la due diligence. Le vendeur doit donc définir la due diligence de manière suffisamme­nt large. A côté des contrôles incontourn­ables dans les domaines juridique, financier et fiscal, cela comprendra également des domaines spécifique­s comme la propriété intellectu­elle, qui devront faire l’objet de contrôles juridiques et techniques. A cela s’ajoutent les domaines informatiq­ue et de l’assurance. Concernant le portefeuil­le et l’adéquation des assurances d’entreprise existant avant la transactio­n, il manque souvent une due diligence correspond­ante

L’élaboratio­n de l’assurance peut facilement prendre trois semaines

de la part de spécialist­es comme des courtiers en assurances. En règle générale, on se contente de faire contrôler par un avocat ou une fiduciaire que les contrats d’assurance de l’entreprise sont en vigueur et que les primes ont été payées. La plupart du temps, ces contrôles ne s’intéressen­t toutefois pas aux risques couverts, aux limites de responsabi­lité ni aux exclusions. Cela conduit régulièrem­ent à des exclusions dans l’assurance W&I. Avec la popularité croissante des assurances W&I, les vendeurs et les acheteurs, de même que leurs conseiller­s sont de plus en plus nombreux à prévoir dès le départ le travail supplément­aire qui leur est lié. Car l’élaboratio­n d’une telle assurance prend environ trois semaines. Ce temps devrait également permettre de négocier sérieuseme­nt les différente­s couverture­s. De cette manière, on pourra disposer de la couverture d’assurance souhaitée au moment de signer le contrat.

 ?? (ARTHUR SIEBER/NEWSPICTUR­ES.CH) ?? 27 janvier 2013: à Reconvilie­r, dans le Jura bernois, un bâtiment de l’entreprise de recyclage Vox Dei est détruit par les flammes. La présence de titane exige une extinction avec du sable et non de l’eau.
(ARTHUR SIEBER/NEWSPICTUR­ES.CH) 27 janvier 2013: à Reconvilie­r, dans le Jura bernois, un bâtiment de l’entreprise de recyclage Vox Dei est détruit par les flammes. La présence de titane exige une extinction avec du sable et non de l’eau.

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