Fahrenheit 11/9
Depuis Roger et moi, Michael Moore n’a jamais déposé les armes, pourfendant les ploutocrates et les profiteurs qui précipitent les Etats-Unis vers le gouffre – en témoignent Bowling for Columbine, Fahrenheit 9/11 ou
Capitalism: A Love Story. Deux ans après l’élection de Donald Trump, le pire cauchemar de l’Amérique capitaliste contre-attaque avec Fahrenheit 11/9.
Il a quelques bonnes histoires à raconter. Comme celle de Rick Snyder, gouverneur du Michigan, dont le lucratif projet de conduite d’eau assoiffe la petite ville de Flint, située à proximité du lac Huron, un des plus grands réservoirs d’eau douce de la planète. Réduits à boire l’eau de la rivière, dûment polluée, les habitants s’empoisonnent au plomb. Ou celle des institutrices qui font grève parce que les heures supplémentaires ne sont plus payées, parce que les primes d’assurance vont augmenter, parce que les assureurs veulent les contraindre à porter un bracelet qui mesure leur activité physique… Il dissèque les rouages des partis politiques, dont le but premier est de perpétuer le système; il dénonce les compromissions qui épuisent la démocratie et découragent les électeurs. En guise d’intermèdes comiques, il propose un pot-pourri des catchlines les plus effarantes de Donald Trump. Parfois, il en fait trop, mettant les paroles du président dans la bouche de Hitler. Mais, avec l’appui de quelques historiens, le trublion établit de troublantes similitudes dans les discours, ou comment le mensonge répété devient une vérité.
Dans tout ce bourbier, un espoir subsiste: la jeunesse. Epuisés de ne pas être entendus, révoltés par les tueries perpétrées dans les écoles, des adolescents prennent la parole, interpellent les sénateurs stipendiés par le lobby des armes, récoltent des voix pour que celles des minorités puissent enfin être entendues. Puissent-elles faire vaciller banquiers, cow-boys et pourris.