Les grands dominent toujours
Les plus de 30 propositions soumises au Prix de l’innovation de la branche suisse de l’assurance présentent un large éventail d’idées. Cependant, toutes n’ont pas été abouties et cela concerne aussi les leaders du marché
Plus il y a de choix, plus c’est compliqué: lorsque le jury du Prix de l’innovation de l’assurance suisse s’est réuni début octobre à Zurich, il s’est avéré que ce sont surtout les grands assureurs qui ont remis des propositions. Les plus petits et les insurtechs n’étaient presque pas représentés. Ils sont souvent présents indirectement, en tant que fournisseurs d’offres innovantes pour les grandes enseignes.
Reste qu’à la différence d’autres distinctions technologiques, où sont parfois déposés (et primés) des prototypes et des idées documentées dans le détail, les innovations dans l’assurance suisse sont nettement plus matures: en général, il s’agit de produits déjà commercialement disponibles.
Mais les débats entre spécialistes ont montré que toutes les propositions n’étaient de loin pas aussi mûries et réfléchies qu’on pourrait l’attendre de la part des départements de développement des grands assureurs. Par exemple le produit Siri-Bution (pas de faute de frappe) d’Axa, grâce auquel les employés peuvent demander à un chatbot de répondre à des questions sur leurs propres produits, comporte selon le jury beaucoup trop peu de cas d’espèce traités à fond pour exploiter entièrement le potentiel de l’IA (intelligence artificielle).
Avec les innovantes cyberassurances pour PME, comme les voit la Bâloise, on se demande si la structuration des polices correspond à des niveaux de menaces techniques en perpétuelle évolution. Chez Creadi, la plateforme d’assurance proposée par Pax, on se demande également si le modèle de plateforme qui fonctionne déjà est vraiment approprié à cette branche.
Il y a aussi débat autour de la question de la structuration de l’assurance grêle, d’autant qu’un prestataire entend empêcher que ne se forment des fronts de grêle en «vaccinant» les nuages avec certaines substances à l’aide d’un Cessna transformé. Or il n’existe guère de preuves scientifiquement établies que cela fonctionne.
Cas intéressant, celui de la start-up zurichoise Dacadoo qui s’est spécialisée dans les applis de santé. Le domaine est très porteur: les applications qui informent automatiquement qu’une personne est tombée passent dans le cas de la nouvelle smartwatch d’Apple pour de possibles «killer applications» hyper-attrayantes. Reste que les tenants de l’innovation sous-estiment peut-être l’entêtement du groupe cible: une telle appli serait utile aux personnes âgées et à leurs proches. Or il y en a beaucoup qui ne veulent pas du tout se faire surveiller. Et c’est ainsi que la meilleure idée fait chou blanc auprès de son public cible.
Le Prix de l’innovation de l’assurance suisse sera remis fin octobre à Zurich.