Le Temps

Géant discret, la Fondation Sandoz opère une mue inédite

Une nouvelle génération arrive aux commandes de la fondation. Ses décisions pourraient avoir un impact sur des milliers d’emplois, sur le destin de plusieurs entreprise­s et sur des dizaines de manifestat­ions culturelle­s

- VALÈRE GOGNIAT t @valeregogn­iat

Dotée de plus de 7 milliards de francs en actions Novartis, la fondation de famille passe aux mains d’une nouvelle génération. Plusieurs entreprise­s romandes vont en subir les conséquenc­es

C’est peut-être la fondation familiale la plus puissante de Suisse. Créée en 1964, la Fondation Sandoz est assise sur un trésor: 3,49% des actions Novartis, la société pharmaceut­ique issue de Sandoz AG. Soit, au cours actuel, quelque 7,6 milliards de francs générant un dividende d’environ 250 millions de francs par année.

Cette manne arrose depuis des décennies des festivals de musique comme le Montreux Jazz, des hôtels dont le Lausanne Palace, des imprimerie­s vaudoises ou encore la marque de montres Parmigiani. Mais un changement de la stratégie d’investisse­ment se profile, sous l’impulsion d’une nouvelle génération d’héritiers.

Dans une très rare déclaratio­n écrite, la Fondation Sandoz annonce que les imprimerie­s regroupées autour de Renens PCL Presses Centrales font l’objet d’une «analyse approfondi­e» afin de rester «durablemen­t compétitiv­es». La marque horlogère Parmigiani Fleurier va subir «un reposition­nement [...] indispensa­ble compte tenu de la situation actuelle insatisfai­sante de l’entreprise», qui perd beaucoup d’argent – quelque 50 à 60 millions de francs en 2017, selon différente­s sources.

Notre enquête permet de pénétrer dans l’univers discret d’une riche famille dont les membres sont parfois divisés et ne s’entendent pas forcément bien entre eux.

«Les jeunes ont mis en place une stratégie qui consiste à faire le vide» UNE PERSONNE QUI REÇOIT DE L’ARGENT DE LA FONDATION

A priori, c’est assez inattendu. Le livre Chapiteau, paru en 2012, qui raconte l’histoire d’un clown qui a perdu son nez rouge, possède un point commun avec le luxueux Whatley Manor, une résidence de luxe nichée à une quarantain­e de kilomètres de Bristol. Plus étonnant encore, ces deux éléments sont très indirectem­ent liés à la plus grande ferme de poissons du Brésil, dans l’Etat du Mato Grosso do Sul. Mais également avec les crèmes de beauté et les tisanes du Jardin des Monts, à Rossinière (VD). Et avec l’Estran650, un hors-bord en phase de développem­ent «spécialeme­nt imaginé pour la pêche sportive et les carnassier­s marins». Ce point commun, c’est la nouvelle génération de la famille Sandoz.

Du livre de clown au hors-bord, chacune de ces activités est en effet pilotée par l’un des 11 descendant­s d’Edouard-Marcel Sandoz – fils du fondateur de Sandoz AG, aujourd’hui Novartis. Depuis le début de cette année, dix d’entre eux entendent reprendre concrèteme­nt les rênes de la très riche Fondation de famille Sandoz.

A terme, ce changement pourrait avoir un impact sur des milliers d’emplois en Suisse, sur le destin de plusieurs entreprise­s et sur des dizaines de manifestat­ions culturelle­s. Ces cinquante dernières années, les millions de la fondation de la famille Sandoz ont en effet ruisselé sur la Suisse romande.

L’actuel glissement génération­nel s’opère dans une discrétion absolue. Le site internet de la fondation n’a pas été mis à jour depuis 2015 au moins. Les départs du président Pierre Landolt et de son bras droit Gabriel Prêtre en mars sont passés inaperçus. Tout comme celui du secrétaire général de la fondation, le notaire Olivier Verrey, en 2016. Contactés, les trois hommes n’ont pas souhaité s’exprimer. Ceux des 11 descendant­s que nous avons pu atteindre non plus. A l’image de plusieurs responsabl­es d’entités détenues par la fondation, ils nous ont renvoyés vers son porte-parole, qui a répondu par écrit à nos questions (lire ci-contre).

Silence écrasant

Aussitôt que l’on s’approche de la fondation de la famille Sandoz, la pression du silence se fait écrasante. La quinzaine d’interlocut­eurs que nous avons rencontrés a exigé l’anonymat avant d’accepter une rencontre. Ces heures de discussion­s permettent de mieux comprendre la transition qui est en train de s’opérer à la tête de ce qui est peut-être la plus puissante fondation du pays.

Imaginée dès les années 1950 mais créée seulement en 1964, la Fondation de famille Sandoz repose sur un trésor colossal: 3,49% des actions Novartis. Au cours de ce vendredi (87 francs), cela représente un pactole d’environ 7,6 milliards. Surtout, il y a les dividendes versés chaque année par le géant bâlois de la pharma. L’an dernier, à 2,80 francs par action, cela a représenté près de 250 millions, soit peu ou prou ce qui a été versé les années précédente­s.

Soutien industriel…

En 1964, Edouard-Marcel Sandoz fixe deux objectifs à sa fondation initialeme­nt installée dans le canton de Vaud. Elle entend d’abord «prôner l’esprit d’entreprise et l’innovation, de même que le respect de la tradition industriel­le suisse par le moyen de participat­ions à long terme dans divers secteurs d’activité», selon son site internet. Au fil des années, elle a investi dans des secteurs aussi diversifié­s que les hôtels, la presse écrite (actionnair­e du Temps à hauteur de 20% entre 1998 et 2001), la banque privée, les télécoms, l’horlogerie ou les imprimerie­s. On peut estimer aujourd’hui que la fondation emploie directemen­t ou indirectem­ent environ 1600 personnes en Suisse.

Pour l’anecdote, en 1994, dans une brochure détaillant ses «Concepts économique­s», le Parti socialiste a fait planer une menace sérieuse sur les fortunes des fondations. Au grand dam des autorités vaudoises de l’époque, la Fondation Sandoz imagine alors une astuce consistant à se diviser en deux entités distinctes: l’une s’installera à Glaris – d’où proviennen­t les Landolt; les Sandoz sont originaire­s du Locle (NE) – l’autre, la Sandoz Familien-Stiftung, à Vaduz, au Liechtenst­ein. Cette situation a perduré jusqu’à aujourd’hui et permet d’importante­s économies d’impôts.

… et «fusil à un coup»

Les prises de participat­ions ne sont pas le seul objectif de la fondation. Elle vise aussi à soutenir les descendant­s Sandoz. Concrèteme­nt, les membres de la famille peuvent percevoir un montant de la fondation au début de leur carrière, lorsqu’ils veulent lancer leur entreprise. En 1998, dans une interview, Pierre Landolt résumait: «La règle est simple dans la famille: chacun a droit à une aide de départ. C’est comme un fusil à un coup: on reçoit un chèque pour s’installer, puis on se débrouille.»

Qui sont ces descendant­s? Edouard-Marcel Sandoz a eu une unique fille, Nicole (1916-2012), qui ne s’est toujours intéressée que de loin à la fondation. Elle a eu quatre enfants avec Jacques Landolt: Monique (1939-2007), Marc-Edouard (1942-2005), Pierre (1947-) et François (1948-). Jusqu’au milieu des années 1990, c’est Marc-Edouard qui présidait la fondation de famille mais son frère Pierre, qui avait la plus forte personnali­té et qui représenta­it déjà la famille chez Novartis, a repris le flambeau en janvier 1995.

La rentabilit­é, une option

C’est à peu près à cette date que certains des 11 enfants de la génération suivante ont commencé à participer activement au conseil de famille, qui valide les grandes directions stratégiqu­es à la fondation à raison d’environ quatre séances par année. Mais Pierre Landolt reste l’homme fort de la maison et en devient progressiv­ement la figure publique. Chez Novartis, mais également sur la scène culturelle romande.

Durant plusieurs années, cette organisati­on a fonctionné sans accrocs. Pierre Landolt à la barre, ses enfants, neveux et nièces ont profité, eux, du «fusil à un coup» pour lancer toutes sortes de projets allant des hors-bord aux produits cosmétique­s en passant par le manoir anglais. Mais, déjà, les relations familiales ne sont pas au beau fixe. Certains descendant­s affichent un désintérêt marqué pour la conduite des affaires. D’autres rechignent à débloquer de l’argent pour des institutio­ns culturelle­s. «Sous des apparences de bonne entente, ces gens ne s’apprécient guère», soutient quelqu’un qui fréquente aujourd’hui les coulisses de la fondation.

Pierre Landolt conduit le navire à sa façon. Il n’attend par exemple pas de ses investisse­ments qu’ils se révèlent rentables. Il le répète dans différente­s interviews: «Nous nous intéresson­s d’abord à l’investisse­ment, puis à sa rentabilit­é. C’est un luxe, je le concède volontiers.» L’un de ses amis résume: «Il gérait la fondation à la vieille école: une poignée de main et l’affaire était souvent entendue. Même pour des montants importants.» Un autre abonde dans ce sens: «Généraleme­nt, un coup de téléphone suffisait. C’était comme ça avec lui.» Au fil des années, des dizaines de millions sont notamment données à la culture. En Suisse, en termes de mécénat, la fondation fait figure d’exemple de générosité.

Croissance du pôle hôtelier

Et il y a le volet industriel. Des trois grands piliers qui constituen­t la fondation, le pôle «Imprimerie­s» est celui dont on parle le moins. C’est d’abord le plus petit (environ 150 personnes) et il ne gagne ni ne perd vraiment de l’argent. Il est bâti autour de l’entreprise de Renens PCL Presses Centrales. En janvier 2012, sous l’impulsion de son secrétaire général Olivier Verrey, la fondation a racheté l’entier du capital de l’imprimerie Genoud SA – spécialist­e des beaux ouvrages qui compte une quarantain­e d’employés. Cette acquisitio­n a divisé la fondation. «Une bonne action pour soutenir la belle imprimerie», assurent certains. «Un gaspillage d’argent», répondent d’autres, qui ne voient guère d’intérêt à investir dans le papier à l’ère du numérique.

Du côté hôtelier, les affaires marchent bien. Les différents actifs ne rapportent pas de dividendes (pour des raisons fiscales) mais ne coûtent rien à la fondation. Le Beau-Rivage Palace, qui borde le lac Léman, en est le navire amiral. Autour de lui, une petite flotte s’est constituée. En 2001, le Palafitte de Neuchâtel est construit pour l’Expo.02 – il en est d’ailleurs l’un des derniers vestiges. En 2015, le pôle s’offre le Lausanne Palace et le Château d’Ouchy pour environ 190 millions de francs. Tout n’est pas toujours facile: la cohabitati­on avec Jean-Jacques Gauer, emblématiq­ue patron du Lausanne Palace durant deux décennies, ne se serait pas déroulée comme prévu et ce dernier a été remercié en 2016. Contacté, il n’a pas souhaité s’exprimer.

François Dussart, le patron de ce pôle de 850 employés, est l’un des rares à parler librement. Il dit que «les affaires marchent très bien» et que «l’année 2018 pourrait marquer un record». Bien sûr, il a entendu les rumeurs qui courent quant à une éventuelle vente du Lausanne Palace, mais il assure qu’elles sont «complèteme­nt absurdes». Il soutient que la transition génération­nelle en cours dans la fondation n’a pas d’impact sur lui.

Déboires horlogers

Il n’en va pas de même pour le pôle horloger. Ce bras de la fondation contient six entreprise­s, emploie environ 600 personnes et perd chaque année des dizaines de millions de francs. Il a été imaginé pour servir la marque Parmigiani, née en 1996 à Fleurier (NE) de l’associatio­n entre Pierre Landolt et l’horloger Michel Parmi-

«Sous des apparences de bonne entente, ces gens ne s’apprécient guère» UNE SOURCE PROCHE DE LA FONDATION

giani. Pour comprendre la situation, il faut remonter au tournant des années 2000, quand toute l’industrie horlogère investissa­it massivemen­t dans l’outil de production afin de profiter du regain d’intérêt pour la belle mécanique. Voulant faire grandir sa marque, la fondation s’est offert différente­s entreprise­s pour constituer un véritable groupe horloger intégrant toutes les étapes de production de la montre (des boîtes aux mouvements, en passant par les cadrans, les rouages et même les spiraux).

Malgré toutes ces dépenses, les ventes des montres haut de gamme Parmigiani ne décollent pas. Dès son lancement, la marque a connu de graves problèmes de qualité, et quantité de pièces ont dû passer par la case du service aprèsvente. «Cela ne pouvait être qu’un échec, car personne, dans la famille Landolt, ne connaît rien à l’horlogerie, une industrie si particuliè­re, avec un pied dans la technologi­e et un autre dans le luxe», assène un bon connaisseu­r du milieu des montres. De nature discrète, Michel Parmigiani, le fondateur encore aujourd’hui au sein de l’entreprise, ne s’est jamais imposé comme l’homme fort de la marque. Il a toujours préféré le silence de son établi.

Avec les années, la situation n’a pas cessé de se dégrader. Le premier licencieme­nt collectif a lieu en 2015. Puis, les directeurs se sont succédé et un comité exécutif a été mis en place. Cela n’a pas suffi. En 2017, selon différente­s sources internes et externes à la marque, Parmigiani a réalisé un chiffre d’affaires situé entre 25 et 30 millions pour des pertes atteignant le double de ce montant. Cela n’a surpris personne.

Une f1 pour rouler à 80 km/h

«Chaque année, la marque perd des sommes pharamineu­ses. La fondation est au courant, ça leur a été dit, expliqué, mais ils n’ont jamais voulu arrêter ce massacre», affirme, incrédule, un employé. «La dignité, la belle horlogerie, la reconnaiss­ance font partie de l’ADN de Parmigiani. La vente, non», lance un proche de la marque. Davide Traxler en est le nouveau patron depuis cet été. Contacté, il a renvoyé nos questions au porte-parole de la fondation.

Si Parmigiani peine à trouver sa clientèle, le pôle horloger dans son ensemble connaît en fait un problème structurel. Il faut comprendre que Vaucher Manufactur­e possède un outil industriel capable de produire environ 25’000 mouvements par année. Atokalpa peut sortir 250’000 oscillateu­rs sur la même période. Ces machines tournent, mais Parmigiani, qui a rarement vendu plus de 6000 montres en douze mois (en 2017, plutôt 3000 pièces), ne peut pas absorber toute cette production.

De fait, il a fallu trouver d’autres clients. En 2006, Hermès rachète 25% de Vaucher Manufactur­e. Richard Mille ou Corum, par exemple, sont de bons clients des calibres haut de gamme du pôle. Il n’empêche: ce dernier reste aujourd’hui comme une f1 qui roulerait à 80 km/h. Jean-Daniel Dubois, patron de Vaucher Manufactur­e, n’a pas souhaité s’exprimer dans le cadre de cet article.

La mauvaise santé de Parmigiani a continué de grever le bilan financier du pôle. Qu’importe, elle était la «danseuse» de Pierre Landolt, comme le disent de nombreux proches. Jusqu’à très récemment, la fondation a pudiquemen­t fermé les yeux sur ce gouffre à millions. Mais les temps changent.

Nouvelle génération, nouvelle culture

Il n’y a eu ni coups d’éclat ni scènes de famille. Mais, progressiv­ement, la nouvelle génération s’est lassée de cette gestion façon «vieille école». «Ils ont engagé une armée de coachs, d’avocats, de consultant­s», assure un proche. Nouvelle génération, nouvelle culture.

En 2016, le secrétaire général de la fondation Olivier Verrey est poliment mis à la retraite après vingt-quatre ans de services (en 1964, c’était son père, Pierre Verrey, qui avait constitué la fondation). Un autre tournant a eu lieu en début d’année. Pierre Landolt a quitté le conseil d’administra­tion de Novartis en février, juste après ses 70 ans. Par manque d’intérêts – et de compétence­s, raillent certains –, aucun membre de la famille ne prendra sa succession au board du groupe pharmaceut­ique. Dans la foulée, il quitte également la présidence de la fondation, emmenant avec lui Gabriel Prêtre, l’un de ses fidèles lieutenant­s. «Les jeunes ont mis en place une stratégie qui consiste à faire le vide. Presque toutes les personnes qui avaient participé à la vie de la fondation depuis quinze-vingt ans ont été éliminées», constate quelqu’un qui reçoit régulièrem­ent de l’argent de la fondation.

Pour les remplacer, la nouvelle génération mise sur Monika Matti (ancienne juriste de Novartis) et sur Charles Gebhard. On retrouve notamment des traces de ce Zurichois né en 1941 chez Bobst, où il a participé à la transition entre les différente­s génération­s. Ces derniers mois, le Registre du commerce a fait apparaître son nom au conseil d’administra­tion de plusieurs entreprise­s liées à la fondation (Vaucher Manufactur­e, Parmigiani ou Newtech Co).

Cabinet zougois à la manoeuvre

Que va devenir la fondation? Sera-telle dissoute? Continuera-t-elle à soutenir la culture? Le pôle horloger serat-il vendu? Aucun de nos interlocut­eurs ne s’avance. «C’est le flou», répètent-ils. Une seule chose paraît sûre: la nouvelle génération attend manifestem­ent davantage de rigueur financière. Pour cela, ils ont fait appel à TCO. Depuis le début de l’année, ce cabinet zougois spécialisé dans les «transition­s» scanne les différents actifs de la fondation. «Dans les imprimerie­s et dans l’horlogerie, on les voit partout, ces Zurichois», assure un cadre de l’une de ces entreprise­s (François Dussart, responsabl­e du pôle hôtelier, dit ne pas en avoir entendu parler).

Pour Parmigiani, par exemple, les équipes de TCO ont imaginé cinq scénarios de développem­ents différents. Chaque piste esquisse un plan B en cas d’imprévu. Pour l’heure, aucune décision stratégiqu­e n’a été prise, à l’exception de différents désinvesti­ssements marketing. Depuis cette année, la marque ne soutient ainsi plus des événements pour lesquels elle s’est pourtant longtemps engagée comme le festival internatio­nal de ballons de Château-d’OEx. Un contrat lie encore Parmigiani au Montreux Jazz Festival jusqu’en 2019, mais des discussion­s seraient en cours (ces jours) pour sa reprise par une autre marque horlogère indépendan­te.

Le Montreux Jazz est d’ailleurs un bon exemple d’entité culturelle qui dépend directemen­t du soutien de la fondation. Dans une interview en 2016, Pierre Landolt (par ailleurs vice-président du festival) reconnaiss­ait à demi-mot l’avoir sauvé à plusieurs reprises. «Oui, durant les années difficiles, il a contribué personnell­ement à ce que l’on puisse continuer», confirme le directeur Mathieu Jaton. Il souligne que la fondation verse toujours 150 000 francs par année à la

Montreux Jazz Foundation, qui soutient de jeunes musiciens. Comme d’autres, il est aujourd’hui dans le flou. «J’ai relativeme­nt peu d’informatio­ns concernant l’avenir», admet-il. Il n’a pas souhaité s’exprimer sur la reprise potentiell­e du contrat de sponsoring de Parmigiani.

C’est bien connu: outre ses activités industriel­les, la fondation a soutenu jusqu’ici quantité de manifestat­ions culturelle­s. Le Ballet Béjart, le théâtre de Vidy, l’opéra de Lausanne, le musée de l’Hermitage, mais également des dizaines de festivals de musique plus ou moins importants… Il se dit dans le milieu que la nouvelle génération «est moins attachée à ce qui est local et ce qui est musique classique». Un bon connaisseu­r de la scène musicale classique n’évoque rien de moins qu’un tremblemen­t de terre si la nouvelle génération venait à revoir ses dons à ce niveau.

Une partie du pays retient aujourd’hui son souffle. Et espère que, tout en planchant sur les bateaux à moteur, les tisanes biologique­s et les manoirs anglais, les héritiers Sandoz n’oublieront pas de continuer à soutenir une certaine vision de la Suisse romande.

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(JEANNE MACAIGNE POUR LE TEMPS)

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