Vous prendrez une app ou un médicament?
La médecine n’en a pas fini avec la technologie. Dans un domaine où les changements peuvent être mal vécus par les praticiens et les utilisateurs, la numérisation n’en est qu’à ses débuts. Le terrain n’est certes pas vierge, mais ses vallées verdoyantes (le marché pèse des centaines de milliards) attirent de plus en plus les innovateurs. «Les médecins cherchent et les ingénieurs trouvent», entend-on dans la Silicon Valley, où on ne doute pas de régler tous les problèmes du monde en un coup de baguette technologique. Sans toujours se rendre compte qu’il y a parfois un prix très élevé à payer quand on est décidé à «casser des choses» au passage, comme le veut le dicton de Mark Zuckerberg.
Si le monde médical évolue lentement, il y a une bonne raison à cela. Sur la table d’opération, une erreur commise et c’est la mort qui peut être au rendez-vous. Ce qui ne risque pas de vous arriver si vous développez une app. Reste que le secteur médical est aussi connu pour son conformisme et son ego trip. Un coup de disruption peut lui faire du bien.
La pression va venir de plusieurs niveaux. Des start-up et des entreprises technologiques s’écartent du «tout médicament» pour proposer d’autres solutions, notamment dans le domaine préventif. Elles épousent ainsi un mouvement similaire à celui de l’agriculture et de l’alimentation, où le consommateur fait de moins en moins confiance à la chimie et aspire à un éventail de propositions plus variées que les pesticides pour traiter ses fruits et légumes. Votre Apple Watch peut déjà vous aider à suivre votre évolution cardiaque. C’est plus motivant que les remontrances de votre médecin. Par ailleurs, dans le domaine du diagnostic, des nouveaux acteurs proposent des approches éloignées de la prescription d’un médicament. Comme déterminer pour une FIV s’il vaut mieux, pour vous, en fonction de votre physiologie, avoir des relations sexuelles ou pas avant le traitement.
Mais des alliances entre les deux mondes peuvent se révéler fructueuses. Prenez le cas de Mind Maze, la licorne lémanique qui propose une solution proche des jeux vidéo dans le domaine de la réhabilitation neurologique des victimes d’AVC. Cette entreprise peut utiliser des drogues pour mettre le patient dans un état de conscience différent afin d’être plus efficace avec ses casques de réalité virtuelle.
Les assurances vont accélérer ce mouvement. En mêlant big data et médecine personnalisée, elles vont inciter les patients à faire des choix pour soigner, par exemple, une maladie chronique. Et vous, vous prendrez un médicament ou une app?n