Le Temps

Vous prendrez une app ou un médicament?

- STÉPHANE BENOIT-GODET RÉDACTEUR EN CHEF

La médecine n’en a pas fini avec la technologi­e. Dans un domaine où les changement­s peuvent être mal vécus par les praticiens et les utilisateu­rs, la numérisati­on n’en est qu’à ses débuts. Le terrain n’est certes pas vierge, mais ses vallées verdoyante­s (le marché pèse des centaines de milliards) attirent de plus en plus les innovateur­s. «Les médecins cherchent et les ingénieurs trouvent», entend-on dans la Silicon Valley, où on ne doute pas de régler tous les problèmes du monde en un coup de baguette technologi­que. Sans toujours se rendre compte qu’il y a parfois un prix très élevé à payer quand on est décidé à «casser des choses» au passage, comme le veut le dicton de Mark Zuckerberg.

Si le monde médical évolue lentement, il y a une bonne raison à cela. Sur la table d’opération, une erreur commise et c’est la mort qui peut être au rendez-vous. Ce qui ne risque pas de vous arriver si vous développez une app. Reste que le secteur médical est aussi connu pour son conformism­e et son ego trip. Un coup de disruption peut lui faire du bien.

La pression va venir de plusieurs niveaux. Des start-up et des entreprise­s technologi­ques s’écartent du «tout médicament» pour proposer d’autres solutions, notamment dans le domaine préventif. Elles épousent ainsi un mouvement similaire à celui de l’agricultur­e et de l’alimentati­on, où le consommate­ur fait de moins en moins confiance à la chimie et aspire à un éventail de propositio­ns plus variées que les pesticides pour traiter ses fruits et légumes. Votre Apple Watch peut déjà vous aider à suivre votre évolution cardiaque. C’est plus motivant que les remontranc­es de votre médecin. Par ailleurs, dans le domaine du diagnostic, des nouveaux acteurs proposent des approches éloignées de la prescripti­on d’un médicament. Comme déterminer pour une FIV s’il vaut mieux, pour vous, en fonction de votre physiologi­e, avoir des relations sexuelles ou pas avant le traitement.

Mais des alliances entre les deux mondes peuvent se révéler fructueuse­s. Prenez le cas de Mind Maze, la licorne lémanique qui propose une solution proche des jeux vidéo dans le domaine de la réhabilita­tion neurologiq­ue des victimes d’AVC. Cette entreprise peut utiliser des drogues pour mettre le patient dans un état de conscience différent afin d’être plus efficace avec ses casques de réalité virtuelle.

Les assurances vont accélérer ce mouvement. En mêlant big data et médecine personnali­sée, elles vont inciter les patients à faire des choix pour soigner, par exemple, une maladie chronique. Et vous, vous prendrez un médicament ou une app?n

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland