Alain Berset assure que le travail avec l’UE continue
Pour le conseiller fédéral, les négociations se poursuivent avec l’Union européenne sur l’accord institutionnel et de nouvelles rencontres auront lieu. Un discours à l’opposé des signaux négatifs envoyés par la Commission
Alors que Bruxelles ne cesse de répéter depuis quelques jours qu’aucune nouvelle négociation, même technique, n’est prévue à ce jour et qu’il est temps désormais d’évaluer politiquement l’opportunité de poursuivre ou non les pourparlers, Alain Berset a assuré tout le contraire hier depuis Bruxelles, où il participait au sommet Europe-Asie.
Le président de la Confédération a en effet assuré que les négociations sur l’accord-cadre restaient ouvertes et que des négociations techniques étaient toujours bel et bien prévues. Dans une lecture assez différente de la rencontre intervenue plus tôt dans la semaine entre les secrétaires d’Etat Roberto Balzaretti et Mario Gattiker avec des responsables européens, Alain Berset a insisté sur le fait que les discussions techniques allaient même arriver «à un point d’étape important». Ensuite, les politiques devront évaluer la situation, mais ce moment n’est pas venu, selon lui.
Alain Berset a reconnu que la Suisse avait peut-être perdu du temps et de l’énergie avec ses problèmes internes
Une rumeur laissait aussi entendre que le conseiller fédéral aurait pu rencontrer hier aprèsmidi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Mais Alain Berset n’a en fin de compte pas pu discuter formellement avec le Luxembourgeois. Mauvais signe? Les deux hommes ont essayé de voir si un rendez-vous pouvait être calé, «mais cela n’a pas été le cas», a dit le Suisse. Il espère toutefois que cette rencontre se fera prochainement. Quand? Alain Berset ne le sait pas. Des déclarations qui pourraient être anodines si, de l’autre côté de la table, ne résonnait pas un tout autre son de cloche. Hier en fin de journée, la Commission continuait d’affirmer qu’aucun nouveau round de négociation n’était prévu à l’agenda.
L’équivalence boursière en jeu
La Commission reproche à Berne de ne pas avoir fait les avancées significatives, en particulier sur les mesures d’accompagnement. En marge du sommet européen jeudi et du sommet Europe-Asie vendredi, plusieurs sources continuaient d’exprimer une certaine exaspération. Parmi les griefs évoqués: la Suisse serait encore arrivée mardi avec de nouvelles demandes, pouvant être interprétées comme un nouveau prétexte pour ne pas avancer. Les plus catégoriques estiment que les négociations sont bloquées tant que la partie suisse ne revient pas avec des propositions de solutions. Et si ce n’est pas le cas, la Confédération pourra dire adieu à son équivalence boursière.
Alain Berset, lui, ne croit pas à cette suspension. Il a défendu les progrès réalisés jusqu’ici, reconnaissant toutefois que la Suisse avait peut-être perdu du temps et de l’énergie avec ses problèmes internes, comme l’acceptation de l’initiative «Contre l’immigration de masse» en 2014. Mais il a aussi observé que les choses étaient différentes en Suisse avec le nécessaire consensus interne et, au final, «le vote du peuple». «On a un système très direct et très fiable.» Et «peut-être que ce n’est pas aimé».
Au final, et peut-être heureusement pour Berne, il reviendra toujours aux Etats membres et pas seulement à la Commission de décider du sort de ces négociations. Il est déjà probable qu’un certain nombre d’entre eux seront assez peu enclins à priver Berne de l’équivalence boursière. Une mesure trop extrême, selon eux.
Le président de la Confédération a d’ailleurs peut-être pu discuter informellement de la situation jeudi soir, lui qui a été vu en train de boire un verre avec son ami luxembourgeois Xavier Bettel ainsi que le Français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel ou encore l’Italien Giuseppe Conte. Ne manquait plus que Sebastian Kurz pour trinquer avec tous les pays limitrophes.
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