«Les dirigeants de start-up vaudoises intéressent Pictet»
GESTION Présent depuis vingt ans à Lausanne, Pictet gère 3,3 milliards de francs d’avoirs dans la capitale vaudoise. Le responsable de la succursale vaudoise, Dominique Fasel, raconte comment la plus genevoise des banques privées est devenue un acteur local
C’est un authentique Vaudois qui dirige la Banque Pictet à Lausanne. Dominique Fasel a passé l’essentiel de sa carrière chez Credit Suisse, dans le domaine juridique puis dans la gestion de fortune à partir de 2006. Devenu responsable de l’entité lausannoise de Pictet en septembre 2015, il décrypte la stratégie de la banque privée genevoise dans le canton de Vaud.
Quel est l’intérêt pour Pictet d’être présent à Lausanne? La banque est partie d’une page blanche à Lausanne, avec la volonté d’en devenir un acteur local. Les clients vaudois qui étaient servis à Genève n’ont pas été transférés à Lausanne. La clientèle a été développée au départ avec deux gérants et une assistante. Nous sommes aujourd’hui une quinzaine de collaborateurs, pour 3,3 milliards de francs sous gestion.
Quel est le profil type d’un client de Pictet à Lausanne? Précisément 86% de nos clients sont domiciliés en Suisse, et principalement en Suisse romande. Cette proportion a toujours été d’au moins 75%. Nos clients veulent souvent que leurs fonds soient gérés à Lausanne, pas ailleurs. Il s’agit par exemple de familles vaudoises, d’entrepreneurs ou encore de fondations de bienfaisance. Les dirigeants de start-up issus de l’EPFL ou de l’Université de Lausanne nous intéressent. Nous gérons ainsi les comptes de fondateurs de start-up ayant atteint un certain stade de développement.
Le marché vaudois de la gestion de fortune est dominé par la Banque cantonale vaudoise, et les deux grandes banques sont également très présentes. Comment réussir à se faire une place? Ces acteurs font un bon travail. La création de richesses est très dynamique dans notre canton. Les clients fortunés disposent généralement de comptes dans plusieurs établissements, dont Pictet. Nous offrons une alternative pour diversifier le service, et notamment une grande stabilité. Par exemple, dans le Groupe Pictet, le turnover s’élevait à 6,5% fin 2017. A Lausanne, il atteint 0%. Personne ne nous a quittés en vingt ans, à part les collaborateurs partis à la retraite.
Le Groupe Pictet, justement, a une image très genevoise et très internationale. N’est-ce pas une contradiction avec le positionnement local que vous décrivez pour Lausanne? Notre groupe n’a jamais subi de scandales, cela plaît aux clients. Les dirigeants d’entreprise apprécient de pouvoir échanger avec les dirigeants du groupe, qui sont eux-mêmes des entrepreneurs. Enfin, nous soutenons beaucoup d’initiatives locales, de l’opéra au club de hockey. A titre personnel, je préside actuellement l’Association vaudoise des banques et j’ai grandi ici.
Est-ce que les critères d’acceptation de clients sont les mêmes à Lausanne qu’à Genève? Rigoureusement les mêmes. La palette de services est adaptée à la fortune qui nous est confiée. Nous estimons qu’un montant de 2 millions permet d’offrir une proposition de services très complète. Plus généralement, nous avons une approche flexible à ce sujet, en tenant compte notamment du potentiel de développement.
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«A Lausanne, personne ne nous a quittés en vingt ans, à part les collaborateurs partis à la retraite»