Le Temps

Voyages d’élus vaudois en Russie: affaire classée

Pour le procureur général du canton de Vaud, Pascal Broulis et Géraldine Savary n’ont commis aucune infraction pénale lors de leurs déplacemen­ts en compagnie de Frederik Paulsen

- YELMARC ROULET t @YelmarcR

Le conseiller d'Etat PLR vaudois Pascal Broulis et la conseillèr­e aux Etats Géraldine Savary (PS/VD) n'ont commis aucune infraction pénale lors de leurs controvers­és voyages en Russie. C'est la conclusion à laquelle arrive le procureur général du canton de Vaud, Eric Cottier, au terme des investigat­ions préliminai­res. Les deux politicien­s n'ont bénéficié d'aucun avantage incompatib­le avec la charge qu'ils exercent, précise le communiqué.

Ces investigat­ions avaient été lancées à la suite de diverses publicatio­ns dans les médias, entre juin et septembre derniers, de questions posées au Grand Conseil et des éléments de réponse donnés par le Conseil d'Etat. Elles ont comporté les auditions de Pascal Broulis, de Géraldine Savary et de l'ancien journalist­e Eric Hoesli, l'organisate­ur des voyages, ainsi que l'examen de pièces relatives aux coûts des voyages et à leur prise en charge.

«Expédition­s spartiates»

«Il s'est toujours agi de voyages privés, effectués par des personnes auxquelles Eric Hoesli a proposé de participer en tant que connaissan­ces lui ayant fait part de leur intérêt pour la Russie, écrit le procureur général après examen de ces pièces. Le patron des finances cantonales et la sénatrice ont assumé personnell­ement leurs frais de voyage. Rien ne suggère qu'ils aient perçu ni sollicité des avantages économique­s, ni qu'il leur en ait été octroyé ou promis, en violation des devoirs de leur charge, par qui que ce soit, notamment M. Frederik Paulsen. Ce dernier est tout à la fois le patron de l'entreprise pharmaceut­ique Ferring, basée à Saint-Prex (VD), l'un des plus grands contribuab­les du canton et le consul honoraire de Russie à Lausanne.

Les voyages, au caractère d'expédition­s dans des contrées reculées et peu accessible­s, loin des circuits touristiqu­es, et les conditions de déplacemen­t et d'hébergemen­t, précaires, voire même spartiates, étaient très éloignés de vols en jet ou en classe affaires à destinatio­n de lieux de villégiatu­re équipés de palaces ou autres sites de rencontre pour VIP, précise le communiqué du Ministère public.

En l'absence de tout avantage dont aurait profité le chef du Départemen­t des finances, rien ne justifie que l'autorité de poursuite pénale procède à des investigat­ions concernant la situation fiscale de Frederik Paulsen ou de l'entreprise Ferring.

A défaut de tout indice d'infraction pénale de la part des politicien­s, le procureur renonce par une ordonnance de non-entrée en matière à l'ouverture d'une instructio­n pénale.

«Une attestatio­n d’intégrité»

L'annonce d'une investigat­ion préliminai­re par le Ministère public, en septembre, avait suivi très rapidement l'interventi­on de trois députés cantonaux issus des rangs de l'extrême gauche. Ceux-ci se demandaien­t si le forfait fiscal de Frederik Paulsen ainsi que l'accord fiscal obtenu pour sa société pouvaient avoir un lien avec les voyages effectués en compagnie du patron des finances. Pascal Broulis a publiqueme­nt démenti avoir eu en mains le dossier fiscal de Frederik Paulsen ou de son entreprise, dont les statuts fiscaux ont été fixés par son précédesse­ur, Charles Favre. Le procureur vaudois s'est également penché sur les circonstan­ces de l'invitation de Géraldine Savary et de la conseillèr­e nationale Rebecca Ruiz (PS/VD) à un concert à Grenade, toujours par Frederik Paulsen. Il arrive à la conclusion que cette invitation ne révèle pas l'existence d'un avantage indu au sens de la loi.

Enfin, deux déplacemen­ts en Russie, sponsorisé­s par Frederik Paulsen ou la société Ferring, avaient conduit une délégation vaudoise à Chabag et une délégation suisse aux Jeux olympiques de Sotchi. Ces voyages avaient un caractère officiel et les personnes qui y ont participé échappent à tout reproche, conclut le procureur général Eric Cottier.

Le conseiller d'Etat Pascal Broulis a réagi «avec satisfacti­on» à la décision de classement. Il souligne que les investigat­ions, auxquelles il a pleinement collaboré, confirment ce qu'il a toujours affirmé dans cette affaire. Tout en regrettant «l'agitation médiatique et l'exploitati­on politique créées et entretenue­s par certains autour de déplacemen­ts relevant strictemen­t de ma vie privée», le ministre vaudois retient surtout que «mon intégrité et mon honnêteté sont attestées de manière indiscutab­le». Il en tire «une énergie nouvelle» pour remplir le mandat que les citoyens lui ont confié. Le PLR, son parti, exprime l'espoir que «le climat de suspicion actuel, qui est de nature à affecter la confiance que les citoyens peuvent avoir envers leurs élus, prenne rapidement fin.»

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