Un stagiaire espion aux Etats-Unis
Aux Documents diplomatiques suisses, l’historien et collaborateur scientifique Thomas Bürgisser, joint par téléphone, indique que les documents figurant dans l’article ci-dessus se trouvaient déjà depuis quelque temps dans leur base de données, depuis les recherches très ciblées que les historiens et archivistes ont réalisées sur la période 1967-69 à propos des révoltes des jeunes, avant et après Mai 68*.
Pour lui, «outre leur côté comique, ces manifestations des étudiants à New York présentent l’intérêt de mettre le doigt sur des aspects marginaux des relations entre Suisse et Etats-Unis, mais aussi celles avec le Liechtenstein ami», méconnues. Si l’on y parle de «surveillance discrète» des activistes, il s’agit très certainement de celle exercée par «un employé subalterne, peut-être un stagiaire de l’ambassade, chargé de jeter un coup d’oeil sur le campus de l’Université du Maryland». Parmi eux figure un certain Pierre Blum Junior, dont on peut penser qu’il a un nom «à consonance suisse», dit Thomas Bürgisser, ou du moins «au fait de l’actualité helvétique» de l’époque. «Il faudrait faire d’autres recherches pour en savoir davantage.»
Les documents diplomatiques suisses sont en général déclassifiés trente ans après leur date d’émission, dit la loi fédérale sur l’archivage de 1998. Mais le Conseil fédéral peut décider de prolonger ce délai dans le cas de «secrets d’Etat» ou de «situations délicates», comme il l’a par exemple fait sur le douloureux dossier «des relations entre la Suisse et l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid», précise l’historien.
▅ * Thomas Bürgisser et Sacha Zala (éd.), «La révolte des jeunes», rapport de la diplomatie suisse sur le mouvement mondial des protestations de 1968.