Le Temps

Quand la technologi­e rend l’éducation inclusive

- STÉPHANE BENOIT-GODET RÉDACTEUR EN CHEF

Sur le front de l’éducation numérique en Suisse, les choses avancent. Jeudi, à l’occasion de la Journée du digital, Thymio devenait le symbole de cette percée de la technologi­e dans les écoles. Le petit robot va se déployer dans les établissem­ents d’une bonne partie du pays afin d’aider les enfants à programmer. Thymio est carré dans la forme mais rond dans l’expression. Face à tous les prophètes de malheur qui prévoient un monde fracturé entre ceux qui sauront coder et les autres, cette initiative cherche au contraire à créer du lien et à mettre la technologi­e au plus près des intérêts de l’homme, en l’occurrence des plus petits d’entre eux.

Francesco Mondada, prof inspiré de l’EPFL, a eu l’idée de ce robot il y a douze ans. On peut considérer long le délai jusqu’à son arrivée dans le secteur public, mais le rendez-vous a été honoré. Lors d’une discussion pendant cette Journée du digital à l’EPFL avec les conseiller­s d’Etat en charge de l’éducation dans trois cantons, il est apparu une ligne de front évidente. Pour la Vaudoise Cesla Amarelle, le Tessinois Manuele Bertoli et le Valaisan Christophe Darbellay, l’éducation numérique apparaît comme une priorité. Les trois ont même prôné une accélérati­on dans le domaine. Mais il faudra des moyens supplément­aires pour former les enseignant­s et équiper les classes.

La volonté politique paraît indéfectib­le. Johann Schneider-Ammann, conseiller fédéral, a ainsi estimé jeudi que la numérisati­on de l’enseigneme­nt constituai­t «l’avancée la plus importante dans l’éducation depuis la mise en place de l’école obligatoir­e». Qui est le maillon faible dans ce dispositif? Assurément pas les enfants, tous disposés à apprendre par de nouveaux moyens. Les professeur­s jouent le jeu à leur rythme et les parents s’angoissent: faut-il plus ou moins de technologi­e à l’école alors que les patrons de la Silicon Valley sont réputés tout faire pour en préserver leurs enfants durant leurs cours?

La technologi­e fait partie de nos vies et doit s’insérer naturellem­ent à l’école. Ainsi, Pierre Vanderghey­nst, vice-président en charge de l’éducation à l’EPFL, croit fermement à la pensée computatio­nnelle, soit le fait de réfléchir comme un ordinateur. Cela vous paraît compliqué? «C’est ce que vous faites quand vous additionne­z des nombres à trois chiffres et plus!» décomplexe le professeur. Signe que la discussion sur la technologi­e crée par ellemême du progrès, Javier Iglesias, maître d’enseigneme­nt du postobliga­toire à Renens, constate que cette fois les jeunes filles viennent en masse assister à ses cours de programmat­ion.

C’est peut-être le gain le plus formidable de la numérisati­on dans l’enseigneme­nt. L’éducation n’a jamais été autant au centre du débat public, selon Pierre Dillenbour­g, de l’EPFL. Luciana Vaccaro, rectrice de la HES-SO, en est même lyrique: «Que les élèves soient les nouveaux héros du siècle, cela ne peut que donner foi en l’avenir.»

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