Le Temps

Les ados, oubliés des chaînes de TV

- N. DU.

◗ C'est une étude française, du Conseil supérieur de l'audiovisue­l (CSA), mais elle reflète une réalité sans doute largement répandue – à l'exception, pour l'Europe, de la Grande-Bretagne. Présentée cette semaine au marché mondial des programmes TV du MIP, à Cannes, l'analyse montre que les TV publiques et privées favorisent nettement les enfants et négligent les ados, dans leurs production­s comme dans leurs programmat­ions.

En France en 2016, les chaînes ont proposé 13600 heures de programmes. Les petites chaînes du numérique ont accru leurs efforts pour la jeunesse de 30% de 2008 à 2016. Le public de 4 à 14 ans passe 1h46 par jour devant la télé.

Et il est choyé. Une forte part des production­s «jeunesse» visent les moins de 12 ans. Il y a «surreprése­ntation» des dessins animés, note ainsi le CSA. Les informatio­ns pour enfants ou ados manquent. Et l'offre de fictions pour les plus de 12 ans paraît très maigre, elle est «relativeme­nt limitée et n'est pas facilement identifiab­le», notent les analystes.

Selon eux, cette carence conduit les ados à regarder l'offre sportive, surtout, et la téléréalit­é, qui semble les cibler de manière plus directe. Dans le champ des séries, on peut ajouter un autre constat, empirique: le dédain des grandes chaînes pousse les ados sur YouTube et sur les offres en streaming. Fort de décennies dans la fiction adolescent­e, Hollywood sait y faire pour les captiver, même si le contexte américain est radicaleme­nt différent de l'Europe. Les jeunes du Vieux Continent s'empressent de s'abreuver à cette source, faute d'offres locales. Ou ils regardent certaines séries anglaises crues dans la veine de Skins. Certains vont chercher au Japon ou en Corée du Sud. D'autres fabriquent leurs propres fictions de fans, inspirées des grandes production­s globales, à commencer par Game of Thrones.

Il y a quelques tentatives, à l'image du succès internatio­nal de Skam, proposée par les chaînes de service public sur une base testée et réussie en Norvège. Mais la peur des ados semble tétaniser les diffuseurs classiques.

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(CC COMMONS/PIXABAY)

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