Le Temps

Essoufflem­ent de la croissance

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH t @garessus

Les afflux de fonds en ETF ne dépassent pas ceux de l’année précédente, mais ils atteignent tout de même 358 milliards de dollars à la fin de septembre. L’incertitud­e des marchés n’y est pas étrangère.

Les afflux de fonds en ETF ne dépassent plus ceux de l’année précédente, mais ils atteignent tout de même 358 milliards de dollars à la fin de septembre. L’incertitud­e des marchés n’est pas étrangère au ralentisse­ment

Les ventes massives d’actions des dernières semaines et la hausse des rendements obligatair­es se sont traduites par une augmentati­on de l’incertitud­e. L’indice de volatilité Vix a par exemple bondi à 28, un niveau inconnu depuis trois ans, note Reda Zebdi, responsabl­e de la distributi­on auprès d’iShares pour la Suisse romande. Le marché des ETF n’est pas épargné.

BlackRock en leader

Le représenta­nt du leader des ETF dans le monde qui appartient à BlackRock, l’explique par une combinaiso­n de facteurs macroécono­miques allant du durcisseme­nt des conditions de financemen­t aux tensions commercial­es en passant par les craintes d’inflation. Notre interlocut­eur interprète les forts mouvements des marchés financiers et la hausse de la volatilité «comme une correction technique et non comme un changement de régime».

Le leader des ETF constate que les flux de capitaux vers les ETF atteignent tout de même 358 milliards de dollars à fin septembre. Jusqu’ici, cette collecte correspond assez bien à l’évolution de l’année dernière, même si elle lui est un peu inférieure. En 2017, la collecte totale a atteint 655,7 milliards sur l’ensemble de l’année. Les flux de 2018 dépassent tout de même ceux de 2015 et de 2016. Il s’agit d’un ralentisse­ment, mais pas d’une cassure sur un marché des fonds passifs cotés qui atteint actuelleme­nt 5242 milliards de dollars, dont 80% en actions.

Divergence­s entre les Etats-Unis et l’Europe

«Une grande divergence se manifeste entre l’Europe et les Etats-Unis en 2018», observe Reda Zebdi. Chaque semaine, les flux de capitaux en ETF restent positifs en Europe, alors que les mouvements sont très irrégulier­s aux Etats-Unis.

Les actions attirent 256 milliards de dollars d’investisse­ments cette année, soit la très grande majorité des flux en ETF (72% du total).

La concentrat­ion sur les leaders du marché américain s’est poursuivie cette année puisque les deux premiers du marché américain (iShares avec 38,2%, Vanguard 25,3%) détiennent 63,5% du marché. En Europe, iShares domine plus largement qu’aux Etats-Unis avec 42,4% de part de marché. Les suivants sont distancés, avec Deutsche Bank (10,5%), Lyxor (9,3%), UBS (6,5%), Credit

Une grande divergence se manifeste entre l’Europe et les Etats-Unis en 2018

Agricole (5,8%) et Vanguard (4,9%). L’augmentati­on de la volatilité n’a pas modifié les positions. IShares a attiré 12 milliards de dollars en Europe cette année, devant Deutsche Bank (7,9 milliards) et Credit Agricole (4,8 milliards).

L’incertitud­e de cet automne profite aux produits smart bêta. Ces derniers utilisent d’autres critères que la capitalisa­tion boursière d’un indice, par exemple en prenant une pondératio­n équivalent­e à chaque valeur. Reda Zebdi observe un intérêt marqué pour les ETF dits «minimum variance», destinés à offrir une volatilité inférieure à celle du marché, ainsi que les actions dites de «qualité» (bilan sain des sociétés et rentabilit­é durable à long terme).

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