Le Temps

Les appétits helvétique­s d’Uber Eats

Avant l’arrivée imminente du service de livraison de plats à domicile en Suisse, Kia Amiri, chef de produit d’Uber Eats, détaille la stratégie de sa société. Il affirme que la rémunérati­on des coursiers est transparen­te

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Le marché suisse de la livraison de plats est en ébullition: Uber Eats s’apprête à démarrer ses activités à Genève. Cette filiale d’Uber va mettre ses concurrent­s sous forte pression car elle n’a qu’une ambition: devenir numéro un helvétique. Les explicatio­ns de Kia Amiri, Senior Product Manager chez Uber Eats que Le Temps a rencontré à San Francisco.

Ce n’est qu’une question de jours, voire d’heures. Uber doit lancer de manière imminente son service Eats en Suisse. Ce mardi, la multinatio­nale organise une conférence à Genève pour parler du lancement de son service de livraison de plats à domicile. La Cité de Calvin devrait servir de tremplin à Uber Eats, avant qu’il s’étende ailleurs en Suisse. Quatre ans après avoir lancé son service de transport de personnes à Genève, Uber s’attaque à un marché dans lequel des acteurs tels Smood et Eat.ch sont bien établis. Rencontré fin septembre à San Francisco, au siège d’Uber, Kia Amiri, Senior Product Manager chez Uber Eats, explique la stratégie de sa société.

Quelles sont les difficulté­s que vous rencontrez lorsque vous entrez sur un nouveau marché? C’est un marché beaucoup plus complexe que celui du transport de personnes, car il y a trois acteurs: le restaurant, le client et le livreur. Il nous faut choisir les restaurant­s avec soin pour proposer la meilleure sélection, il nous faut prévoir quand la commande sera prête et quand elle pourra être livrée. Nous souhaitons offrir la meilleure expérience à tous les utilisateu­rs.

Vous livrez à vélo, en scooter ou en voiture. Quel est le lien entre Uber et Uber Eats? Dans certains marchés, les chauffeurs utilisant l’applicatio­n Uber peuvent avoir le choix de travailler aussi, en parallèle, avec l’applicatio­n Uber Eats. Ce service permet également à certaines personnes, qui n’ont peut-être pas le véhicule approprié pour être chauffeur Uber, de livrer des plats, que ce soit à moto ou à vélo. Grâce à Uber Eats, nous offrons de nouvelles opportunit­és et un complément de revenus aux personnes qui le souhaitent.

Reste que vos livreurs ne semblent pas gagner grand-chose. Les revenus perçus par les coursiers via l’applicatio­n Uber Eats sont transparen­ts et sont disponible­s en temps réel dans l’applicatio­n afin que les coursiers puissent les consulter dès qu’ils le souhaitent. Lorsque les coursiers partenaire­s choisissen­t de travailler avec l’applicatio­n Uber Eats, ils sont libres de choisir, quand, où et s’ils veulent se connecter à l’applicatio­n. Nous n’imposons aucun créneau ni aucune zone. Ce sont des indépendan­ts et ils font en fonction de leur emploi du temps. Dans certains pays, comme la France ou l’Angleterre, la fonctionna­lité «pourboire» a également été mise en place et permet ainsi aux coursiers de percevoir plus lors de chaque livraison.

Il semble aussi très difficile, pour Uber Eats, de gagner de l’argent sur ce marché. Nous sommes très optimistes. Le marché ne cesse de croître et la demande est extrêmemen­t forte. Nous allons fêter notre 3e anniversai­re en décembre et les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2017, nous avons livré des plats pour une valeur totale de 6 milliards de dollars, nous avons plus de 160 000 restaurant­s partenaire­s, nous sommes présents dans plus de 350 villes, nous couvrons plus de 50% de la population américaine et visons les 70% d’ici à la fin de cette année.

Récemment, les rumeurs vous voyaient racheter le groupe britanniqu­e Deliveroo, lui-même déficitair­e. Le marché va-t-il se consolider? Il y a de la place pour plusieurs acteurs, car le marché croît fortement. Et nous voulons être le leader mondial, c’est une certitude.

Imaginez-vous pouvoir livrer tout type de nourriture? Oui, et nous travaillon­s avec les restaurant­s pour pouvoir garantir une expérience de livraison optimale en réfléchiss­ant avec eux à certains packagings dédiés comme pour les glaces, par exemple. Prenez McDonald’s: nous livrons actuelleme­nt des plats issus de plus de 9000 de leurs restaurant­s. Récemment, le directeur de McDonald’s a affirmé qu’aux Etats-Unis, 10% du chiffre d’affaires dans leurs restaurant­s avec livraison est généré grâce à l’applicatio­n Uber Eats. Le temps moyen de livraison est normalemen­t de trente et une minutes. Nous cherchons sans cesse à optimiser ce temps. Cela requiert de notre part des investisse­ments technologi­ques importants. Et cela nous permet par exemple de livrer des frites qui restent croustilla­ntes et chaudes.

Estimez-vous que les gens sont de plus en plus paresseux et préfèrent se faire livrer que de cuisiner? Je ne parlerais pas de paresse, mais de changement d’habitudes. Bien sûr, il y a le cliché du couple qui aimerait se faire livrer une pizza un vendredi soir. Mais de très nombreuses familles font aussi appel à nos services pour obtenir des repas complets, variés et sains à faible coût, simplement parce que les parents préfèrent passer plus de temps en famille qu’à cuisiner. Il y a aussi d’autres utilisatio­ns de l’applicatio­n comme se faire livrer un petit-déjeuner au bureau après une séance de sport, un déjeuner entre collègues au bureau, une soirée foot entre amis, etc. Nous souhaitons pouvoir faire partie du quotidien de nos utilisateu­rs et proposer la meilleure expérience, peu importe le besoin.

«En 2017, nous avons livré des plats pour une valeur totale de 6 milliards de dollars»

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(ÉRIC GAILLARD/ REUTERS) «Récemment, le directeur de McDonald’s a affirmé qu’aux Etats-Unis 10% du chiffre d’affaires dans les restaurant­s de la chaîne avec livraison à domicile est généré grâce à l’applicatio­n Uber Eats», indique Kia Amiri, Senior Product Manager chez Uber Eats.
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KIA AMIRISENIO­R PRODUCT MANAGER, UBER EATS

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