Le Temps

Un douanier virtuel pour sécuriser les frontières

- EMILY TURRETTINI t @letemps

Dans le cadre d’un programme expériment­al financé par l’Union Européenne appelé iBorderCtr­l, un détecteur de mensonges doté d’intelligen­ce artificiel­le va interroger des voyageurs volontaire­s à destinatio­n de trois postes frontières – en Hongrie, en Lettonie et en Grèce. Avant son départ, le visiteur devra remplir un questionna­ire en ligne et télécharge­r divers documents, comme la page photo de son passeport, son visa et une preuve qu’il a les fonds nécessaire­s pour séjourner dans le pays.Puis, positionné devant l’écran de son ordinateur, il sera interrogé et filmé par un douanier virtuel.

Les questions sont semblables à celles que pourrait lui poser un agent en chair et en os: Qu’y a-t-il dans votre valise? Quel est le but de votre voyage? Et ainsi de suite, pendant qu’un système de «Détection Automatiqu­e de Déception», par le biais de la webcam, balaye son visage à la recherche de «micro-gestes», capable de déceler s’il ment ou dit la vérité.

Les résultats sont alors transmis aux postes-frontière où à leur arrivée, les voyageurs jugés honnêtes passeront le contrôle rapidement, tandis que les présumés menteurs seront soumis à de nouvelles interrogat­ions.

D’après les premiers tests, le système aurait une précision de 76 pour cent. En comparaiso­n, un être humain estime le vrai du faux correcteme­nt entre 54 et 60 pour cent du temps.

Mais ce projet est très contesté. Pour Bruno Verschuere, Professeur en Psychologi­e Judiciaire à l’Université d’Amsterdam «Les signaux non verbaux, comme les micro-expression­s, ne sont pas des indicateur­s fiables». Et pour Bennett Kleinberg, Professeur Adjoint en Sciences des Données au University College de Londres: «Il s’agit d’un contrôle pseudo-scientifiq­ue.»

Un système américain similaire baptisé Avatar – pour Automated Virtual Agent for Truth Assessment­s in Real Time – a été testé il y a six ans à Nogales en Arizona, une ville frontière avec le Mexique. Mais selon CNBC, après une évaluation des résultats en 2012, le départemen­t de Homeland Security n’a pas renouvelé son engagement pour déployer ce programme plus loin. Les interrogat­ions réalisées par l’agent virtuel – non pas en amont comme dans le cas de iBorderCtr­l – mais sur place, prenaient trop de temps.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland