YouTube s’invite dans le streaming musical
Google lance son service de streaming musical payant alors que le marché est déjà occupé par plusieurs acteurs, dont Spotify et Apple. Malgré son retard, il a des chances de réussir grâce à sa notoriété et à son catalogue de clips vidéo
Il y avait déjà Spotify, Apple Music, Deezer ou Tidal: la filiale de Google a rendu hier disponible en Suisse son nouveau service, YouTube Music. Moyennant différentes variantes d’abonnements payants, il sera possible d’écouter de la musique débarrassée d’insertions publicitaires, et de télécharger des morceaux. YouTube, dernière arrivée sur le marché, pourra-t-elle concurrencer ses prédécesseurs? Certains chiffres le laissent penser.
Depuis mercredi, les amateurs helvétiques de musique disposent d’un nouveau service d’écoute: YouTube Music. Après un lancement en mai aux Etats-Unis et en juin dans plusieurs pays européens, le service de streaming est disponible en Suisse avec plusieurs formules payantes. La filiale de Google fait face à deux défis. D’abord, tenter de percer dans un marché où Spotify, Apple Music, Deezer ou encore Tidal se font déjà concurrence. Ensuite, convaincre ses utilisateurs, habitués à des services gratuits, de souscrire un abonnement.
Jusqu’à présent, Google proposait en Suisse deux façons d’écouter de la musique: soit en affichant des clips vidéo sur YouTube, soit en s’abonnant à son service de streaming Google Play Music. Depuis mercredi, une troisième option est disponible: YouTube Music, qui est une sorte de fusion des deux services précités.
Disponible sous forme d’application (Android et iOS), mais aussi sur ordinateur, YouTube Music propose des millions de titres – le chiffre n’est pas communiqué – sous forme d’écoute en streaming. Il est possible de télécharger ces morceaux, mais aussi, pour la plupart, de les écouter tout en affichant le clip vidéo.
Comme ses concurrents, Google propose une version gratuite, avec publicité sous forme de petits spots. En déboursant 12,90 francs par mois pour l’abonnement YouTube Music Premium (19,90 francs pour la version familiale), le mélomane sera exempté d’annonces, il pourra écouter la musique en arrière-plan (en utilisant une autre application en même temps) et pourra télécharger des titres pour les écouter hors ligne.
En parallèle est lancé un autre abonnement au nom très proche, YouTube Premium. Pour 15,90 francs mensuels (23,90 francs pour la version familiale), il permet notamment de supprimer l’ensemble des publicités au sein de YouTube et de télécharger toutes les vidéos.
Problème avec les tarifs
Lors d’un test rapide, YouTube Music tient une partie de ses promesses. L’interface, épurée, est plus simple que celle de Spotify. Le catalogue semble comparable à celui de ses concurrents et le système de recommandation est efficace. Il est possible de choisir d’un clic entre l’écoute simple du morceau ou le visionnage du clip – ce que ne permettent bien sûr pas ses concurrents. Par contre, la recherche de chansons via des fragments de paroles est perfectible. On note enfin une erreur au niveau des tarifs: plutôt qu’un prix de 12,90 francs, ce sont 17 francs qui nous ont été facturés mercredi. Contacté, Google ne nous a pas répondu sur cette différence de prix.
Google arrive sur un marché déjà occupé par des poids lourds. Selon un rapport de la société Midia Research datant de septembre, Spotify, avec 83 millions d’abonnés payants, détient 36% du marché mondial, devant Apple (19%) qui revendique 43,5 millions d’abonnés. Amazon serait numéro trois (12%) avec 9,5 millions d’abonnés.
Connu pour ses vidéos gratuites, YouTube aura sans doute de la peine à convaincre ses utilisateurs de souscrire un abonnement, même si ses tarifs sont alignés sur ceux de ses concurrents. De plus, la société devra clarifier sa stratégie – de nombreux observateurs s’attendent à ce que Google Play Music disparaisse en 2019 pour fusionner avec YouTube Music. L’exemple d’Apple
Mais la filiale de Google a des atouts. D’abord, 85% de ses utilisateurs (soit 1,3 milliard de personnes) s’en servent pour écouter gratuitement de la musique selon une étude de la Fédération internationale de l’industrie phonographique parue cet été portant sur 13 pays (mais pas la Suisse). De plus, le marché du streaming est en progression: de janvier à fin juin 2018, le nombre total d’abonnés a progressé de 16% et même de 38% en un an, pour atteindre 229,5 millions, selon Midia Research.
Autre motif d’espoir pour Google: la stratégie d’Apple Music. Le fabricant de l’iPhone ne s’est lancé sur le marché musical que le 30 juin 2015, soit sept ans après Spotify. Malgré ce retard, Apple est aujourd’hui numéro deux du marché.
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L’interface, épurée, est plus simple que celle de Spotify. Il est possible de choisir d’un clic entre l’écoute du titre ou le visionnage du clip