Le Temps

Un projet «ambitieux» pour sauver les retraites genevoises

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Le Conseil d’Etat genevois présente sa solution pour la caisse de pension des fonctionna­ires. Un compromis solide, selon le gouverneme­nt

tCette fois, le Conseil d’Etat genevois est sûr de son coup. Alors que deux projets de loi touchant la réforme de la caisse de pension des fonctionna­ires (CPEG) ont été étudiés par une commission du Grand Conseil, le gouverneme­nt en dépose un troisième. Il est le fruit d’une large consultati­on, y compris des auteurs des projets concurrent­s, a dit devant la presse Nathalie Fontanet, ministre des Finances. Le comité de la CPEG l’a accueilli favorablem­ent, selon la PLR. «Nous l’avons présenté à des gens très proches des syndicats, qui sont satisfaits de cette réforme», a-t-elle assuré. Pour Antonio Hodgers, président du Conseil d’Etat, le compromis que représente ce texte est «extrêmemen­t solide». Le gouverneme­nt demande l’organisati­on d’une séance spéciale du Grand Conseil sur la question mi-décembre. Hypothèses conservatr­ices

Qu’est-ce qui rend le Conseil d’Etat si confiant? Le nouveau texte emprunte certains éléments au projet des partis de gauche et du MCG (inspiré par l’initiative déposée avec l’Asloca) et d’autres à celui initialeme­nt déposé par le Conseil d’Etat sous la législatur­e précédente, amendé par la droite. Il reprend un taux de cotisation «de gauche» (27%) et une répartitio­n des efforts «de droite» (58% à la charge de la collectivi­té, 42% à celle des fonctionna­ires). Il est basé sur un système de primauté des cotisation­s, contre lequel se bat la gauche, mais inclut des mesures d’accompagne­ment que ne prévoit pas la droite.

Enfin, les hypothèses économique­s sur lesquelles est conçu ce nouveau projet sont «très conservatr­ices», assume Antonio Hodgers. Elles tablent par exemple sur un rendement de 3%. Cet aspect, insiste le président, garantit une durabilité à cette réforme. «Nous ne voulons pas repasser devant le peuple dans quelques années», a dit Antonio Hodgers, rappelant que la dernière votation sur le sujet a eu lieu en 2013.

Calendrier serré

Cette réforme est rendue nécessaire afin que la caisse atteigne le taux de couverture légal. Le texte du Conseil d’Etat le mènera à 75%, contre 61% aujourd’hui. La loi fixe 80% en 2052. Elle coûtera 4 milliards de francs à l’Etat. Les employés participen­t à auteur de 200 millions.

Le calendrier de la réforme est «atrocement serré», selon les mots de Nathalie Fontanet. Quel que soit le projet adopté, la loi doit être promulguée avant le 1er juin 2019 afin d’éviter que les mesures d’économies que le comité de la CPEG a d’ores et déjà annoncées n’entrent en vigueur (une baisse des prestation­s de 10% est prévue au 1er janvier 2020). «Une première»

Les débats au Grand Conseil seront déterminan­ts. Caroline Marti, députée PS et membre de la Commission des finances, reconnaît que le projet du Conseil d’Etat représente «clairement une améliorati­on» par rapport à celui déposé par le gouverneme­nt précédent. «Nous continuons cependant de soutenir le texte de gauche et du MCG, en vue de réunir une majorité», dit-elle. Au MCG aussi, on reconnaît un progrès. «Cette clarificat­ion du débat, avec un texte crédible, est bienvenue, ajoute François Baertschi. Mais cela ne préjuge pas de notre position au Grand Conseil.» A droite aussi, le discours est positif. «C’est un projet ambitieux, sérieux, qui met en avant la solidité de la CPEG. Depuis que je me suis engagé dans ce dossier, c’est une première», dit le chef du groupe PLR, Cyril Aellen. Conséquenc­e, selon le député: le projet «très coûteux et favorable à la fonction publique demande un engagement des fonctionna­ires et des contribuab­les». Réunir une majorité «sera très compliqué».

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