L’affaire se corse pour Pierre Maudet
Le directeur du Service de police du commerce et l’ancien chef de cabinet du ministre sont prévenus d’abus d’autorité pour avoir forcé l’ouverture du bar l’Escobar, lié aux promoteurs qui ont organisé le voyage d’Abu Dhabi
L’instruction de l’affaire Maudet bat son plein. Mercredi matin, le conseiller d’Etat et son ancien chef de cabinet, Patrick Baud-Lavigne, étaient convoqués au Ministère public pour une audience portant essentiellement sur l’ouverture du bar l’Escobar. Raoul Schrumpf, directeur du Service de police du commerce qui a délivré l’autorisation, était aussi présent en qualité de prévenu, a appris Le Temps. Ce fonctionnaire ainsi que l’ancien bras droit du ministre sont désormais poursuivis pour abus d’autorité.
Loin de se diriger vers un classement, ce dossier voit le nombre de prévenus augmenter au fil des audiences. Celle de mercredi était donc consacrée à l’établissement de la rue des Grottes, où Pierre Maudet avait été invité à fêter un anniversaire, et qui avait bénéficié d’une ouverture précipitée grâce au responsable du service concerné. Me Alec Reymond, défenseur de Raoul Schrumpf, précise que son client «considère n’avoir strictement rien fait qui ne soit conforme au règlement».
Le directeur du Service de police du commerce, qui avait également été le chef de cabinet de Pierre Maudet alors que ce dernier était conseiller administratif, est soupçonné d’avoir, sur instruction de Patrick Baud-Lavigne, passé outre les réticences de ses collaborateurs afin de donner un feu vert alors que le dossier de ce bar n’était pas encore en règle. L’enquête devra établir si l’ordre venait de plus haut, comme le laissent entendre certaines mentions retrouvées lors des perquisitions.
Une défense par le tweet
Les choses vont continuer à se corser. En effet, comme le révélait mercredi la Tribune de Genève, les deux entrepreneurs libano-genevois, ceux qui ont activement participé à l’organisation du voyage d’Abu Dhabi, sont convoqués le 5 décembre en qualité de prévenus d’octroi d’un avantage. Antoine Daher et Magid Khoury, défendus par Mes David Bitton et Marc Hassberger, sont aussi liés à l’Escobar et à certains financements de campagne.
Contacté, Me Jean-Marc Carnicé, l’avocat de Patrick Baud-Lavigne, n’a pas souhaité s’exprimer sur ces nouveaux développements. Il persiste à dire que son client conteste avoir fait quelque chose d’illicite s’agissant notamment de l’ouverture du bar.
Quant à la défense de Pierre Maudet, celle-ci s’est exprimée à travers un tweet – encore une particularité de ce dossier – pour ne rien dire d’autre que «le conseiller d’Etat Pierre Maudet a participé à une audience du Ministère public, ce jour, dans la procédure relative à son voyage à Abu Dhabi».
Avant d’ajouter un deuxième tweet, tout aussi essentiel, dans la foulée: «Le Ministère public a eu la courtoisie de s’excuser de cette audience, fixée un mercredi matin, nous indiquant ne pas s’être rendu compte que les séances de l’exécutif cantonal avaient lieu tous les mercredis matin.» Le 5 décembre tombe aussi un… mercredi.
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