Le roi du tourne-disques nous a quittés

L'entrepreneur est décédé le mois passé des suites d’un accident

Rémy-A. Thorens était né à Sainte-Croix le 30 décembre 1927 dans la famille à l’origine des Usines Thorens, petit-fils du fondateur, Hermann Thorens; une famille industrielle qui a marqué le village, employant jusqu’à 1500 personnes, la grande majorité au village.

Il étudie les sciences économiques aux universités de SaintGall et de Berne pour terminer avec un doctorat en comptabilité industrielle en 1951. Après une année à New York dans la filiale américaine, il rejoint l’entreprise familiale en 1952. En 1953, il épouse Suzanne Favarger, de la famille des chocolats Favarger de Versoix, avec laquelle il aura trois fils.

En 1962, l’entreprise décide la fusion avec l’autre grande entreprise de Sainte-Croix de l’époque, Paillard SA (machines à écrire Hermès), à la tête de laquelle se trouvent plusieurs cousins Thorens. Rémy, son père, Paul et son frère, Jean-Paul, opposés à la fusion, vont en ressortir les départements de la hi-fi et des boîtes à musique. La production des briquets est arrêtée, après plusieurs millions d’exemplaires fabriqués (elle a repris il y a quelques années, relancée par trois petits-fils). Rémy Thorens fondra une nouvelle entreprise avec bureaux à Neuchâtel et à Wettingen, qui fera fabriquer sous licence les produits hi-fi à Lahr, en Forêt-Noire. La production est transférée de SainteCroix à Lahr en 1966.

C’est l’âge d’or de la platine tourne-disques. Rémy Thorens portera la marque de SainteCroix jusqu’au Japon et en Australie, et la réputation de haut de gamme sera la caractéristique de tous les produits, particulièrement des modèles Référence et Prestige. Ces produits sont régulièrement l’objet de tests comparatifs dans les magazines hi-fi et reconnus mondialement parmi les meilleurs.

Dans les années 1980, avec l’arrivée de la révolution numérique et du CD surviendront des années difficiles. Rémy Thorens et son fils Jaques, qui l’avait rejoint en 1983, arrêteront en 1991. Ensuite, une nouvelle entreprise reprendra la fabrication des platines Thorens jusqu’à aujourd’hui.

Rémy Thorens se consacrera à sa famille, et, chrétien profondément convaincu, il continuera d’être actif dans sa communauté. A part une cécité s’installant peu à peu, il jouira de toutes ses facultés jusqu’à la fin.

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