Nespresso change de nid
Les 350 employés du siège international de la filiale de capsules de café de Nestlé seront transférés de Lausanne à Vevey d’ici à 2021. Ils emménageront dans le musée Nest. Inauguré en 2016, ce dernier ferme ses portes mais sera numérisé
La division cafetière de Nestlé déménage de Lausanne à Vevey. C’est le musée de la multinationale, le Nest, qui accueillera dès 2021 les quelque 350 collaborateurs du siège mondial de Nespresso, a annoncé vendredi matin la multinationale dans un communiqué. La branche suisse de Nespresso transférera en outre 110 autres collaborateurs à La Tourde-Peilz. Ces restructurations s’inscrivent dans un programme de réduction des coûts entamé depuis début 2017 par son directeur général Mark Schneider.
Inauguré il y a à peine deux ans, le Nest «continuera sous une forme numérique» dès septembre 2019, a communiqué la multinationale à ses employés, confirmant une information de 24 heures. En clair, le musée fermera ses portes et sera réaménagé pour sa nouvelle fonction. Portée par la précédente direction de Nestlé, la construction d’un centre célébrant les 150 ans de la multinationale était décriée, y compris à l’interne.
«Quand on veut offrir quelque chose à la communauté, on ne peut parler que de soi», expliquait il y a quelques mois une source interne. A son ouverture, le Nest – musée interactif centré sur les produits de la multinationale à 18 francs le ticket – était présenté comme un «retour à la communauté» qui accueille le siège international de Nestlé depuis sa création.
Dans son communiqué, Nestlé évite soigneusement le terme de fermeture, préférant évoquer les 130000 visiteurs comptabilisés depuis 2016, «dont plus de 80% proviennent de la région». Interpellé sur les raisons de la fermeture, le directeur de la communication du groupe assure «qu’il ne faut pas y voir l’aveu d’un échec muséal, mais une opération d’optimisation du patrimoine immobilier du groupe, selon la stratégie annoncée par la direction». L’essentiel de l’investissement – 130 millions de francs – sera «préservé et valorisé par ce changement d’affectation», assure-t-il.
Pour la syndique de Vevey, Elina Leimgruber, qui a appris cette décision la veille, cela «permet de comprendre la réflexion que Nestlé avait en tête» en sortant du festival Images. Suite à plusieurs désinvestissements dans la région, les spéculations allaient bon train quant aux relations entre la multinationale et les autorités locales.
«Nous avons toujours eu d’excellents rapports, conteste la syndique. Le déplacement du siège de Nespresso confirme l’ancrage de Nestlé à Vevey. C’est positif pour la commune, la Riviera et toute la Suisse.» Cela devrait aussi l’être pour la fiscalité locale puisque les 350 collaborateurs «consommeront ici et éventuellement y déménageront», évoque l’édile qui dit ne pas disposer encore de tous les éléments relatifs aux retombées fiscales. Nestlé représente déjà 2000 des quelque 12000 emplois de la commune.
Le déménagement du siège international de Nespresso avait, lui, déjà été évoqué à plusieurs reprises, à l’interne comme à l’externe. Notamment en mai, quand le groupe avait annoncé la délocalisation de 580 de ses postes vaudois (centre informatique et Nespresso) vers Barcelone, Milan et Lisbonne.
Un moindre mal
A l’interne, on exprime un certain soulagement. «Autour de moi, beaucoup de gens ont fait les frais de la restructuration d’il y a six mois. C’est un privilège de pouvoir rester en Suisse, sur un site si proche de Lausanne», explique un collaborateur qui n’a pas souhaité être nommé.
Une «vision cantonale» partagée par Pierre-Antoine Hildbrand. Le municipal chargé de l’Economie à Lausanne espère que cette proximité n’incitera pas trop d’employés à déménager. Il espère aussi que la réforme fiscale des entreprises conduira d’autres sociétés à s’implanter dans la région, compensant ainsi les pertes fiscales liées au départ de Nespresso.
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