Le Temps

Identifier un besoin pour créer une société. Nos offres d’emploi

De nombreux entreprene­urs à succès proposent à leurs clients le produit ou le service qu’ils auraient souhaité recevoir

- AMANDA CASTILLO @Amanda_dePaulin

Comment naît une idée d’entreprise? Si le processus entreprene­urial devait se résumer en une phrase, il pourrait s’agir sans conteste de l’expression française «on n’est jamais si bien servi que par soi-même». En d’autres termes, l’entreprene­ur est souvent celui qui cherche à résoudre un problème récurrent, pour luimême ou ses proches.

Ainsi, c’est en observant des trains bondés et des voitures vides que Frédéric Mazzella a eu l’idée de créer BlaBlaCar. Dans Ces entreprene­urs made in France (Ed. Alisio), un livre dans lequel la journalist­e économique Patricia Salentey réunit les secrets de réussite des 15 figures les plus emblématiq­ues du nouvel entreprene­uriat tricolore, il confie qu’il devait rentrer passer Noël en famille en Vendée, mais tous les trains au départ de Paris étaient complets. «Ma soeur est passée me prendre et, sur l’autoroute, je me suis rendu compte que toutes les places disponible­s n’étaient pas dans les trains mais dans les voitures!» L’absence de solution à ce problème l’interpelle. Economie collaborat­ive

Comment mettre fin aux voitures qui roulent quasiment à vide, une aberration écologique, et accompagne­r un changement de mentalité (le partage)? Quand il se lance en 2006, personne ne croit à son projet. Qu’à cela ne tienne. Frédéric Mazzella est persuadé que son entreprise répondra tôt ou tard à une évolution sociétale. Pari gagné.

Aujourd’hui, il s’est imposé comme le symbole de l’économie collaborat­ive et une star de la French Tech. Preuve qu’il y avait un réel besoin, la valorisati­on de BlaBlaCar a atteint plus de 1 milliard de dollars et plus de 60 millions de personnes font partie de la communauté.

Un ovni bancaire

Autre exemple d’entreprise née d’un besoin non satisfait, celui de Leetchi. Céline Lazorthes imagine cette plateforme de collecte de fonds en ligne alors que, étudiante, elle organise la journée d’intégratio­n de son master à HEC. «Une galère classique lorsqu’il s’agit de faire circuler une enveloppe entre ceux qui n’ont pas de monnaie, ceux qui n’ont pas le temps ou les éternels injoignabl­es qui se dérobent pour rembourser l’argent avancé», résume Patricia Salentey.

A l’époque, le crowdfundi­ng n’existe pas. Leetchi occupera une «niche» de marché spécifique, en offrant des solutions efficaces de paiement collaborat­ives sur internet. En 2017, le volume d’affaires total était de 1 milliard d’euros. Pour 2018, l’entreprise prévoit 2 milliards d’euros.

Décliner un modèle anglais

Rodolphe Carle a quant à lui eu l’idée de créer Babilou en 2003, après avoir constaté le manque cruel de solutions d’accueil pour les enfants de moins de 3 ans en France, alors que la dynamique des naissances et le taux d’emploi des femmes figuraient parmi les plus élevés d’Europe. Ce qui n’était qu’une crèche de 24 berceaux est devenu, quinze ans plus tard, le leader en France des crèches privées. L’entreprise emploie plus de 6500 personnes et affiche un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros.

Aux jeunes qui veulent se lancer dans la création d’entreprise, il prodigue les conseils suivants: aiguisez votre sens de l’observatio­n – «on ne peut créer un projet d’envergure qui ne réponde pas aux attentes profondes» – mais aussi et surtout travaillez quelques années dans une société de capital-risque. «C’est une position très privilégié­e pour apprendre l’entreprene­uriat, pour se familiaris­er avec la notion de risque. Vous vivez tous les jours avec des entreprene­urs qui réinventen­t le monde, vous avez deux ou trois ans d’avance sur l’innovation. Nous recevions 50 business plans par semaine, avec des entreprene­urs européens qui racontaien­t comment ils s’étaient inspirés d’idées américaine­s ou asiatiques.»

Aux jeunes qui veulent se lancer dans la création d’entreprise, il prodigue les conseils suivants: aiguisez votre sens de l’observatio­n

O2 a été créé pour répondre à une nécessité sociale: permettre aux femmes de dégager du temps

C’est d’ailleurs en travaillan­t dans une société de private equity à Londres que Rodolphe Carle a pu étudier des dossiers de crèches privées en Angleterre, concept qu’il a par la suite transposé avec succès à la France. Avis aux aspirants entreprene­urs, il existe une véritable pénurie de crèches en Suisse romande!

Le travail comme outil d’intégratio­n sociale

Guillaume Richard, enfin, a décidé de créer O2 en 1996 (groupe Oui Care) pour répondre à une véritable nécessité sociale – permettre aux femmes de dégager du temps en déléguant le ménage, la garde des enfants et des beaux-parents âgés – et apporter une respiratio­n (d’où le nom O2, comme l’oxygène). Il souhaitait également faire venir à lui les demandeurs d’emploi. Jouer un rôle d’éponge et, en les formant, leur faire prendre l’ascenseur social.

«Dans le secteur des services à la personne, si vous restez indépendan­t, vous n’avez pas de perspectiv­es d’évolution profession­nelle. Une nounou va probableme­nt le rester toute sa vie, avec très peu d’opportunit­és de formation. De façon très concrète, 40% de nos postes d’encadremen­t sont pourvus par la promotion interne.»

A ce jour, O2, qui compte 17500 salariés, est l’entreprise qui a créé le plus d’emplois en France ces cinq dernières années, devant Airbus et Safran.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland