Le sort du budget entre les mains du PDC
GENÈVE La Commission des finances du Grand Conseil a refusé le budget 2019 du canton, au grand dam du PS, des Verts et du MCG. C’est au PDC qu’il reviendra d’arbitrer lors du vote au Grand Conseil
Le budget 2019 du canton de Genève a du plomb dans l’aile. Mercredi, la Commission des finances l’a refusé, par huit voix contre sept. Le PLR, le PDC, l’UDC et Ensemble à gauche en ont décidé ainsi, l’Entente refusant ce qu’elle considère comme des largesses inconsidérées, la gauche radicale criant à l’austérité. Les socialistes, les Verts et le MCG, qui voyaient dans ce projet de loi des gages confortables, craignent qu’il ne passe à la trappe les 13 et 14 décembre au Grand Conseil.
En septembre, le Conseil d’Etat avait proposé avec optimisme un budget qui réclamait des efforts à la fonction publique avec la renonciation à l’annuité et l’engagement des nouveaux fonctionnaires deux classes en dessous de ce qui était prévu. Mais des perspectives de rentrées fiscales plus généreuses ont permis à l’exécutif de renoncer à ces deux mesures. Il n’a en revanche pas abandonné l’idée de faire passer les propriétaires à la caisse en décidant de trois mesures sur la valeur locative et fiscale des biens immobiliers.
«Politique de la terre brûlée»
Une forfaiture pour la droite, du pain bénit pour la gauche et le MCG. Problème: l’extrême gauche dédaigne la perspective d’un budget plutôt bienveillant à l’égard de la fonction publique, comme le dit autrement Romain de Sainte Marie, député socialiste: «On ne peut pas qualifier ce budget d’austérité. C’est un budget de gestion, non coloré, mais qui nous convient. Ensemble à gauche pratique la politique de la terre brûlée et risque de tout nous faire perdre.» Il faudrait alors fonctionner avec les douzièmes provisoires.
«Le PS et les Verts sont pris en otage par Ensemble à gauche sur tous les enjeux, du budget à la Caisse de prévoyance de l’Etat (CPEG), en passant par la réforme fiscale des entreprises RFFA, estime Cyril Aellen, chef de groupe PLR. S’ils ne parviennent pas à convaincre Ensemble à gauche, ils devront s’en émanciper et chercher une solution de compromis avec la droite.» C’est donc naturellement vers le PDC que les regards se tournent, car il devra arbitrer le match: «Nous allons essayer de convaincre le PDC, qui a une responsabilité gouvernementale, poursuit Romain de Sainte Marie. L’Entente joue pour l’heure un jeu irresponsable.»
Ce ne sera pas une mince affaire, même si on a déjà vu le PDC, par le passé, se laisser retourner par son ministre Serge Dal Busco, alors aux Finances: «On ne peut pas accepter un budget à sens unique, estime le président du PDC, Vincent Maitre. C’est-à-dire tout donner à la fonction publique et taxer la classe moyenne propriétaire, qui va par ailleurs déjà financer la CPEG et Score! Il faut une symétrie des efforts.»
Le parti de la famille voit aussi avec crainte les charges augmenter de 2,7%, sur des charges qui ont déjà augmenté de 2,8% l’an dernier: «Je ne vois pas mon parti dire oui à une telle augmentation, estime le PDC Olivier Cerutti, vice-président de la Commission des finances. Les charges ont augmenté d’un demi-milliard en deux ans, contre 25 millions d’impôts immobiliers, ce n’est pas soutenable.» A ce jour, le PDC compte rester ferme et va proposer des amendements, notamment sur l’évaluation des biens immobiliers. Mais les jours qui viennent laissent la porte ouverte à tous les marchandages.
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