Selon l’OMM, la planète fait fausse route
L’Organisation météorologique mondiale a publié jeudi un rapport sur les gaz à effet de serre. Les concentrations de CO2 dans l’atmosphère n’ont jamais été aussi élevées depuis 3,5 millions d’années. Sans action musclée, la température pourrait augmenter de 4 à 5 degrés d’ici à la fin du siècle
Il faut remonter à 3, voire 5 millions d’années pour retrouver une telle concentration de CO2 dans l’atmosphère. En présentant le douzième bulletin sur les gaz à effet de serre, Elena Manaenkova, secrétaire générale adjointe de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a avancé des preuves scientifiques qui doivent faire réfléchir: «A l’époque, il n’y avait pas de glace au Groenland.» En raison d’une température de deux à trois degrés plus élevée qu’aujourd’hui, le niveau des mers était supérieur de dix à vingt mètres.
Impact destructeur
Cette relative dramatisation n’arrive pas par hasard. Les concentrations de CO2 ont atteint un nouveau pic avec 405,5 parties par million (ppm) en 2017, soit 146% du niveau enregistré dans l’ère préindustrielle (avant 1750). Depuis 1990, la planète a enregistré une hausse totale de 41% du forçage radiatif (réchauffement) due aux gaz à effet de serre, dont la durée de vie est longue. Le CO2 est responsable de cette hausse à hauteur de 82%. Elena Manaenkova ajoute que le taux de croissance des concentrations de CO2 est dix fois supérieur aux plus hauts taux constatés par le passé.
Les chiffres sont suffisamment éloquents pour tirer la sonnette d’alarme. Pour l’OMM, le message est univoque: «La science est claire. Sans réduction rapide des émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre, le changement climatique aura un impact toujours plus destructeur et irréversible sur la terre. La fenêtre de tir pour agir est en train de se fermer.»
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), si la planète veut limiter la hausse de la température à 1,5 degré Celsius, les émissions nettes de dioxyde de carbone devraient être de zéro aux alentours de 2050. Cela signifie que les émissions de CO2 dans l’atmosphère doivent être égales aux quantités de CO2 captées par la nature ou des processus technologiques. Selon les experts, maintenir la hausse de la température de la planète en dessous de 2 degrés permettrait de limiter l’impact climatique sur les populations, les écosystèmes et le développement durable. «Nous ne sommes pas sur le bon chemin. Si nous continuons ainsi, la hausse de la température sera de 4, voire 5 degrés d’ici à la fin du siècle», a averti la numéro deux de l’OMM. L’inquiétant CFC-11
Hormis le méthane et l’oxyde nitreux – deux gaz à effet de serre dont les concentrations augmentent aussi –, il y a le CFC-11, ou trichlorofluorométhane. L’OMM constate avec regret une hausse surprise des émissions de ce gaz dont la production est pourtant réglementée par le Protocole de Montréal. Motif de ce changement: les émissions de CFC-11 sont reparties à la hausse en Asie de l’Est. Ce phénomène inquiète car ce gaz détruit lui aussi la couche d’ozone.
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