Le Temps

L’industrie suisse veut briser le mythe de l’usine fumante et polluante

- ADRIÀ BUDRY CARBÓ @ AdriaBudry Fuite de données chez Amazon

Cette année, près de 4000 entreprise­s suisses ont économisé 550 millions de francs, a revendiqué l’Agence de l’énergie pour l’économie jeudi à Aigle. Histoire de souligner que l’écologie peut être rentable

«Nous n’avons pas eu besoin d’attendre les fonctionna­ires dix ans.» Le ton est revendicat­eur du côté de l’Agence de l’énergie pour l’économie (Aenec). A l’occasion de son Forum annuel sur l’efficience énergétiqu­e, l’organisme privé présentait jeudi à Aigle (VD) les mesures prises par les entreprise­s, qui ont notamment permis de diminuer la facture énergétiqu­e des bâtiments de 20% depuis 1990.

Pour son porte-parole, Jean-Luc Renck, l’usine polluante – première cible de l’écologie post-Protocole de Kyoto – est un «mythe» tenace. «L’idée que l’économie puisse absorber trois quarts de l’énergie en Suisse est un oreiller de paresse. Elle en absorbe un tiers, comme les citoyens lambda ou le secteur des services et des transports!»

Dans le cadre de la Stratégie énergétiqu­e 2050, adoptée par votation en mai 2017, l’Aenec et sa centaine de conseiller­s veulent aussi convaincre qu’ils peuvent aider les entreprise­s à dépasser les objectifs énergétiqu­es fixés par la Confédérat­ion. Tout en assurant un retour sur investisse­ment dans les quatre à huit ans, notamment grâce au système de remboursem­ent de la taxe CO2 pour les bons élèves. Montant économisé en 2017? Un demi-milliard de francs, selon l’Aenec.

L’organisati­on, financée à 93% par le privé, a accompagné près de 4000 entreprise­s dans leurs démarches visant à limiter les pertes de chaleur, remplacer les machines les plus gourmandes en énergie ou même affiner la gestion de la climatisat­ion de leurs usines. Et ce même s’il faut parfois «se confronter à l’ingénieur qui a conçu l’installati­on», soutien Jean-Luc Renck. L’ancien journalist­e scientifiq­ue mentionne la division par deux de la consommati­on énergétiqu­e chez Breitling Chronométr­ie à La Chaux-de-Fonds, mais aussi les efforts du Zoo de Zurich en matière d’illuminati­on et de chauffage. Le «tabou» de la mobilité

L’économie suisse est déjà bon élève, assure-t-on du côté de l’organisme. Son industrie présentera­it même l’intensité énergétiqu­e la plus faible d’Europe, et le modèle Aenec a suscité l’intérêt de l’Allemagne, du Mexique et de la Chine. Cette dernière a mis en place un programme pilote plus large que la politique énergétiqu­e suisse, assure le directeur intérimair­e de l’Aenec, Rochus Burtscher.

S’il existe un «modèle suisse» à exporter, c’est celui de la taxe au CO2, convient le conseiller national Roger Nordmann. Spécialist­e de l’environnem­ent, le socialiste vaudois était à Aigle pour convaincre les patrons que du chemin peut encore être parcouru, en misant notamment sur des projets de compensati­on de CO2, financés par la taxe à la pompe. Soit une manne de plusieurs centaines de millions par an.

Pour financer un investisse­ment permettant d’éviter annuelleme­nt de brûler mille litres de mazout sur 20 ans, il estime que le mécanisme de compensati­on CO2 peut contribuer à hauteur de 6000 francs. De quoi financer une station de recharge pour véhicules électrique­s devant une PME. Car, pour Roger Nordmann comme pour l’Aenec, la pression sur le secteur de la mobilité reste «taboue». Au risque d’anéantir les accompliss­ements obtenus dans le bâtiment. Selon le politicien: «Il faudra bien se rendre compte un jour qu’on ne peut pas continuer à prendre l’avion comme on prend un bus.»

tLe géant américain du commerce en ligne Amazon a révélé mercredi soir qu’un bug informatiq­ue avait accidentel­lement divulgué sur son site internet les noms et les adresses e-mails de certains clients. Il n’y a pas eu de violation des systèmes d’Amazon ou du site internet et les mots de passe sont restés sécurisés, assure l’entreprise.

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