Le Temps

Sur Twitter, la police valaisanne flirte avec les limites de la loi

- GRÉGOIRE BAUR t @GregBaur

VALAIS Afin de diminuer le nombre d’accidents et d’infraction­s sur l’autoroute, la police cantonale annoncera certaines de ses actions sur le réseau social. Seul hic: la pratique est interdite par la loi sur la circulatio­n routière

Trop, c’est trop. Les 14 accidents importants, dont un mortel, et les 31 infraction­s graves survenus sur les réseaux autoroutie­rs valaisans au cours des deux derniers mois poussent la police cantonale à agir. Dans les prochaines semaines, les forces de l’ordre vont intensifie­r leurs contrôles, afin d’inverser la tendance. Avec une particular­ité: la police cantonale annoncera certaines de ses actions sur son compte Twitter.

«L’utilisatio­n de ce canal est un moyen supplément­aire dans notre arsenal de prévention», souligne Stève Léger. Le porte-parole de la police cantonale explique que le réseau social a été choisi pour ses spécificit­és. «Les messages que nous diffuseron­s seront très courts, détaille-t-il. L’annonce de nos actions sera toujours accompagné­e d’un message de prévention.»

La prévention est également l’un des trois axes sur lesquels travaille la police cantonale vaudoise, avec la dissuasion et la répression. Mais pour l’heure, elle n’utilise pas les réseaux sociaux pour faire passer ce genre de messages, selon son porte-parole Jean-Christophe Sauterel. Il juge toutefois que cette solution n’est pas «inintéress­ante». «La police valaisanne est en infraction»

Mais cette façon de faire est-elle légale? «Si on applique la loi à la lettre, la police valaisanne est en infraction», répond Yvan Jeanneret, professeur de droit à l’Université de Genève et spécialist­e du droit de la circulatio­n routière. L’article 98a de la loi fédérale sur la circulatio­n routière interdit à quiconque d’avertir les usagers de la route au sujet des contrôles officiels du trafic. «Il n’y a aucune exception pour les corps de police», insiste Yvan Jeanneret. Stève Léger se défend en soulevant le côté évasif des annonces, qui, selon lui, évite à la police cantonale d’être hors la loi. «Nous n’indiqueron­s pas précisémen­t le lieu et l’heure des contrôles, mais nous signaleron­s nos actions de manière globale», explique-t-il.

Yvan Jeanneret reconnaît toutefois le côté intéressan­t de la démarche en ce qui concerne la prévention. Mais il émet quelques doutes quant au choix du canal utilisé pour faire passer le message. «En utilisant un média comme Twitter, l’objectif préventif n’est pas atteint, puisque seuls les abonnés du compte de la police cantonale seront touchés», explique-t-il.

Un millier d’abonnés supplément­aires

Depuis ce mercredi matin et la communicat­ion de la police valaisanne au sujet de ce nouveau dispositif, le nombre d’abonnés de son compte Twitter a grimpé en flèche, passant de 1500 à 2500 en un peu plus de vingtquatr­e heures. Mais n’était-ce pas là le seul but de cette opération? «Nous sommes ravis de pouvoir compter sur un nombre de followers plus important, reconnaît Stève Léger. Twitter nous permet de communique­r directemen­t avec la population, par exemple en cas d’émanation de fumée toxique ou de fermeture de routes. Nos prochains tweets toucheront donc un public plus large», se réjouit-il.

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Les forces de l’ordre valaisanne­s vont intensifie­r les contrôles et les signaler par un tweet.

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