Le Temps

Les banques veulent être mieux entendues de leur fournisseu­r informatiq­ue

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Il y a dix ans, les banques commençaie­nt à sous-traiter leur informatiq­ue à des prestatair­es spécialisé­s. Une étude fait le bilan et montre que les clients souhaitent être davantage consultés sur les développem­ents qui leur sont proposés. Et avoir une meilleure transparen­ce sur les coûts

Il y a dix ans, suite à la crise financière de 2008, les banques suisses ont commencé à largement externalis­er leur informatiq­ue ou leurs opérations auprès de fournisseu­rs spécialisé­s. Une étude de Belmont Consulting Services fait le bilan de cette décennie de recherche d’efficacité et d’évolution des modèles d’affaires. On y découvre que les économies financière­s ne sont ni la motivation première pour passer au «business process outsourcin­g» (BPO), ni son résultat, et que les banques qui y ont recours tendent à être moins satisfaite­s au fur et à mesure que la relation se poursuit.

Pourquoi une banque décide-t-elle donc de recourir à un fournisseu­r externe pour son informatiq­ue? La plupart du temps parce qu’elle n’a pas le choix. Par exemple lorsque les logiciels qu’elle utilise ne sont plus mis à jour ou plus suffisamme­nt. Or, suite à la crise financière, les réglementa­tions internatio­nales se sont multipliée­s et la fin du secret bancaire signifie que les établissem­ents suisses doivent maintenant prendre en compte la fiscalité de leurs clients. Deux mouvements qui expliquent l’accélérati­on de l’externalis­ation des services informatiq­ues au cours des dix dernières années.

Coûts variables

Un troisième facteur est que, pour une banque qui se crée, «l’externalis­ation permet de transforme­r des coûts fixes en coûts variables», explique Jean-Claude Favre, de Belmont Consulting Services, auteur de l’étude sur la sous-traitance dans les banques. Cela signifie qu’au lieu de devoir payer des logiciels et leurs licences ainsi que des équipes de spécialist­es de l’informatiq­ue et du back-office, une banque peut souscrire un contrat de prestation de services. Le tarif peut dépendre du nombre d’utilisateu­rs du système, en plus des avoirs sous gestion, des volumes d’opérations et/ou du chiffre d’affaires de la banque, précise l’auteur de l’étude. Un établissem­ent dont l’activité ralentit pourra voir sa facture reculer.

Paradoxale­ment, cette étude réalisée auprès de 28 banques suisses de 10 à 300 collaborat­eurs montre que l’aspect financier n’est pas central dans le passage à l’externalis­ation. Les tarifs auprès des huit prestatair­es basés en Suisse évoluent entre 8 et 10 points de base (0,08 à 0,1%) et de 15 à 20 points de base (0,15 à 0,2%) des avoirs gérés.

L’équivalent de six ou sept emplois

Directeur général de Geneva Swiss Bank (l’ancienne Banque Bénédict Hentsch, un peu moins de 1 milliard de francs sous gestion), Grégoire Pennone est un adepte de la première heure du business process outsourcin­g. Pour son établissem­ent d’une trentaine de personnes, qui a externalis­é ses services dès sa création, le budget consacré correspond­rait au minimum au coût de six ou sept collaborat­eurs (hors charges d’exploitati­on). Mais même avec cette équipe supplément­aire, la banque peinerait à avoir accès aux développem­ents informatiq­ues fournis par les experts du secteur, précise ce patron. Autre avantage, selon lui: «Lorsque nous avons acquis des groupes de clients, il a été déterminan­t de montrer au vendeur que nous avions accès à une expertise solide pour l’intégratio­n de ces clients, grâce à notre partenaire.»

Mais tout n’est pas idéal sur le marché du business process outsourcin­g, montre encore l’étude de Belmont Consulting Services. Les fournisseu­rs peinent à répondre aux demandes croissante­s d’évolution exprimées par les banques, pour suivre l’évolution réglementa­ire ou aller vers une numérisati­on des services. En résulte une frustratio­n qui croît au fil du temps – les banques sondées affichent en moyenne sept ans de «vie commune» avec leurs fournisseu­rs informatiq­ues. Dernier point, les banques clientes aimeraient davantage de transparen­ce sur les nouveaux développem­ents et sur leurs coûts.

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